• 6/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles


    Deuxième Quart ( 2 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=-49008983439205340&q=source%3A004309600438005547921&hl=fr

     

    Début :

    15 min

    Fin :

    30 min

     

     

     

     

    En Italie on a beaucoup soupçonné des survivants l’OAS et de l’extrême droite française d’Algérie, encore qu’il me semble qu’il était bien tard pour agir fin 62 alors que la guerre était terminée, si l’OAS avait assassiné Mattei une année plus tôt, cet attentat aurais eu une signification politique, plus que Mattei était accusé de soutenir le FLN, mais fin 1962 ça ne signifiait plus rien.

     

    Hypothèse non négligeable : la Mafia, elle haïssait Mattei dont les initiatives sociales en Sicile sapaient son emprise sur les classes défavorisées, jamais le mystère de sa mort ne sera élucidé.

     

    Mattei laissait une compagnie pétrolière internationale bâtie de toutes pièces en peu d’années contre l’opposition de tous.

     

    À l’aube des années soixante, le parc automobile mondial compte plus de 100 millions de voitures, avec les avions, elles brulent 300 millions de tonnes d’essence par an, ceci n’inclut ni le fioul ni le pétrole qui sert à la fabrication du plastique , du tissu synthétique ou des engrais.

     

    À cette époque 70 pays dans le monde produisent du pétrole, mais 13 d’entre eux assurent à eux seuls la moitié de la consommation du globe, la plupart de ces pays sont arabes, désertiques et sous développés, ils dépendent totalement de l’extérieur pour leurs approvisionnements, or l’inflation engendrée par la prospérité fait grimper les prix, tous les prix sauf un : celui du pétrole brut, au milieu de la flambée générale il n’a pas bougé depuis 10 ans.

     

    Du pétrole il y en a trop, les compagnies pétrolières se font une concurrence sauvage, les États-Unis ont interdit toute importation de brut à des prix de dumping, alors ce pétrole à bas prix engorge les marchés non américains, les cours s’effondrent.

     

    Les compagnies se retrouvaient en face de marché pétroliers où les prix étaient en baisse et elles ont pensé que cela justifiait une réduction du prix affiché et donc du revenu par baril attribuable aux pays producteurs.

     

    Pour ceux ci, ce prix affiché sur lequel se calcule les taxes et les redevances qu’ils perçoivent, a quelque chose d’intangible, et voici qu’en février 1959 la Standard Oil of New Jersey, membre de l’ARAMCO, décide de sa seule initiative de diminuer de 18 ¢ (cents) le prix affiché alors fixé à 2 dollars le baril environ, et en avril imitée par ses partenaires, elle impose une nouvelle baisse de 14 ¢, mais les compagnies se gardent bien de faire profiter les consommateurs de ces baisses qu’elles imposent aux arabes, à la pompe l’essence reste au même prix, ce sont les sociétés pétrolières et elles seules qui empochent tout le bénéfice.

     

    Elles ont décidé ces baisses uniquement pour maintenir leurs profits, appauvrissant tous les pays producteurs du Moyen Orient en une seule nuit, pour les États arabes comme pour l’Iran, il n’était pas question d’accepter ce genre de décision unilatérale, l’impudent Diktat des compagnies a achevé de leur faire prendre conscience de ce que les revenus de leurs pays dépendaient totalement des sept sœurs, quelques compagnies bien qu’elles que soient alignées sur la décision d’Esso, ont réalisé combien celle-ci était dangereuse, BP notamment et même certains dirigeants d’Esso ont tiré le signal d’alarme.

     

    Ces réductions de prix ont ulcéré les pays producteurs parce que dans l’un comme dans l’autre cas, elles ont été décidées sans qu’ils ne soit consultés préalablement sans même qu’ils n’en soient avisés.

     

    C’est exact, ils n’ont pas été consultés, mais ils connaissaient la situation du marché, donc notre décision n’a surement pas pu réellement les surprendre.

     

     

    Ça était un choc, parce que nous dépendions à presque 100% des revenus de notre pétrole, et qu’au lieu de voir ces revenus augmenter, ce qui était normal compte tenu de l’inflation et bien d’autres causes, ils ont été au contraire amputés par la simple décision de gens qui ne se basaient pas sur l’équité mais sur leur seul bon plaisir.

     

    Les compagnies pétrolières jusqu’à cette époque, agissaient toujours d’une façon corollaire, les pays producteurs étaient des pays sous développés, étant donné le contexte politique, contexte économique, elles pouvaient déterminer unilatéralement les termes de l’échange.

     

    Longtemps nous n’avons pas protesté, mais là nous avions perdu patience, tous les pays ayant le même intérêt se sont associés.

     

    Dés 1945, le Venezuela et l’Iran avaient fait des approches à d’autres pays pétroliers pour la formation d’une organisation des pays producteurs, pour des raisons diverses, ils n’avaient pas réussi, le Venezuela avait peur de la compétition des nouveaux producteurs du Moyen Orient.

     

    Au moment même où les sept sœurs baissent le prix du brut au Moyen Orient, le Venezuela lui, vient à porter à 65 % l’impôt que lui paye les compagnies étrangères pour son pétrole, dés lors celui-ci coûte beaucoup plus cher que le pétrole arabe.

     

    Le Venezuela a réalisé que les bas prix de la production pétrolière au Moyen Orient allaient mettre son propre pétrole hors course, il fallait convaincre les arabes de prendre en main le contrôle de leurs prix pour que le Venezuela reste compétitif.

     

    Aussi le ministre du pétrole vénézuélien Perez Alfonso va-t-il s’employer à créer un front commun des pays producteurs.

     

    Le premier gouvernement vénézuélien dont il avait été membre de 1945 à 1948, avait été renversé grâce à l’intervention occulte des compagnies pétrolières agissant en accord avec le gouvernement des États-Unis, celui-ci soutenait l’armée du Venezuela entièrement dominée par l’extrême droite qui voulait balayer le gouvernement démocratiquement élu, après la révolution de 1958, Perez Alfonso revenu au gouvernement à la faveur de nouvelles élections démocratiques, s’est avant tout préoccupé non pas de fixer le prix du pétrole ou les revenus qu’il devait produire mais de créer un contre pouvoir pour luter contre la toute puissance des multinationales du pétrole dans leurs rapports avec les producteurs du tiers monde, principalement ceux du Moyen Orient.

     

    Sitôt informé des remous provoqués par la baisse unilatérale des prix du brut saoudien, Perez Alfonso se précipite au Moyen Orient,  il propose aux pays arabes la constitution d’un front commun des producteurs, Tariki ministre saoudien du pétrole l’appuie inconditionnellement, il haie viscéralement l’ARAMCO où il a représenté son gouvernement.

     

    Tariki a compris que pour un pays sous développé, le pétrole est la seule base de la richesse nationale, qu’une indépendance économique véritable implique un contrôle total du gouvernement sur cette ressource qui est la seule ressource nationale et d’avantage que sans cette indépendance économique il n’y avait pas d’indépendance politique de l’État.

     

    Tariki considérait tous les anglais et les américains comme des coquins (Bandits ou escrocs) qui exploitaient honteusement les arabes, il disait : le Moyen Orient est une vache à lait, dont la tête est au Moyen Orient et les mamelles aux États-Unis, à Londres et à paris où les pétroliers l’attraient de son pétrole, il faut y mettre fin.

     

    Le 15 septembre 1960 sous la présidence de Tariki, les ministres de pétrole d’Iraq, d’Iran, du Koweït, d’Arabie saoudite et du Venezuela tiennent un congres extraordinaire à Bagdad et fondent l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole : l’OPEP, au départ les revendications de l’OPEP sont modérées, ses membres souhaitent seulement que le prix du baril soit maintenu et ne puissent plus être modifié sans l’accord du pays producteur intéressé.

     

    Les compagnies ont sous estimé les interlocuteurs qui s’opposaient à leurs politiques, disons qu’ils ont livré des combats d’arrière garde pour prolonger la situation qui existait le plus longtemps possible.

     

    Elles ont même refusé de reconnaître l’OPEP, je me souviens qu’au début des années 60, nous avons souhaité négocié avec elles, elles ont refusé de traiter avec l’OPEP.

     

    Les compagnies formant l’ARAMCO n’avaient qu’une politique envers l’OPEP : l’ignorer en espérant le voir disparaitre.

     

    Pas question de pouvoir négocier globalement, nous sommes liés individuellement avec chaque gouvernement.

     

    À l’origine, la politique des compagnies était de rejeter l’OPEP dans son ensemble, et de traiter séparément avec chacun de ses membres, mais cette attitude a en fait renforcé l’OPEP, ses membres ont compris que le meilleur moyen de s’imposer aux compagnies était de faire bloc et de donner le maximum de pouvoir à l’OPEP.

     

    Le 20 octobre 1960, s’ouvre à Beyrouth un congrès arabe du pétrole, les multinationales anglo-saxonnes ont accepté d’y participer que si l’OPEP n’y figurait pas Es Qualités, Tariki les attaquent en public, les accusent de truquer leurs comptes, de tricher sur leur prix de revient et de transport de pétrole, en 7 ans ces compagnies auraient accumulé 5,5 milliards $ de profits occultes dont la moitié doit revenir aux pays producteurs, il les défient de produire leurs vraies comptabilités, c’est une bombe.

     

    Les représentants des compagnies pétrolières étaient assis en face de lui, complètement abasourdi et en proie à un cruel dilemme, s’ils répondaient ils l’allaient l’exciter encore plus, ils restèrent cois ( silencieux), Tariki les accablait d’accusations outrageantes, qui exaltait la fierté arabe, il est le premier qui ose clamer publiquement : l’ARAMCO nous vole notre pétrole, les multinationales nous exploitent, le pétrole est chez nous mais pour en acheter, il faut courir à New York, c’est inadmissible, tout se règle à New York, alors tout devrait se traiter en Arabie, c’est à nous de vendre notre pétrole, pas à des étrangers.

     

    Tariki a continué ainsi des heures, il a accusé l’ARAMCO de ne pas avoir payer ce qu’elle devait payer au gouvernement saoudien, d’après lui ça représentait des centaines de millions de dollars de taxes, que l’ARAMCO avait escamoté, au Moyen Orient, si vous êtes accusé et si vous vous taisez, votre silence équivaut à un aveu de culpabilité, plusieurs représentants de l’ARAMCO se décidèrent donc à répondre, ce fût un dialogue de sourds, la situation était intenable, à Beyrouth l’Assemblée était truffée d’arabes ultra nationalistes, y défendre une multinationale de pétrole n’était ni très aisé ni très populaire.

     

    Pourtant les grandes sociétés pétrolières réussirent à dissimuler leurs bénéfices réels, ou allaient ventiler d’un poste à l’autre pour les camoufler, ceci a toujours rendu difficile le contrôle des comptes des compagnies pétrolières, de savants jeux d’écritures masquent leur profits et les postes sur lesquels ils se réalisent.

     

    À l’époque, les prix pétroliers s’effondreraient, chacun s’efforçait de maintenir son chiffre d’affaires en n’en faisant pas payer le prix de transport ou encore en trichant sur tout en accordant des ristournes, et tout cela se déduisait des prix fixés par contrat.

     

    Sur le fond, Tariki n’avait pas tort, mais il a exagéré , ses attaques sont devenues délibérées.

     

    Par mal chance, son protecteur, le roi Saoud d’Arabie est aux abois malgré les 350 millions $ annuels que lui verse l’ARAMCO, 5000 princes et courtisans vivent fastueusement à ses crochets, et jaloux du prestige de Nasser, Saoud subventionne les syriens pour l’en détacher, à sa cour règne xxx et corruption.

     

    Lui même donne l’exemple en acceptant en sous mains : 14 millions $ de l’armateur grec Onassis, celui-ci qui s’est crée une imposante flotte pétrolière veut  s’assurer le monopole du transport du pétrole saoudien.

     

    Le contrat était rédigé dans des termes tel que durant des années, nul sauf Onassis ne pouvais plus charger de pétrole en Arabie saoudite.

     

    Ce que on appelé le contrat Onassis et qui organisait avec les saoudiens l’enlèvement de leur brut, a été considéré par les gens de l’ARAMCO comme une violation flagrante des accords que eux même ont signé avec le gouvernement saoudien.

     

    Par-dessus le marché, ce contrat était préjudiciable aux intérêts du gouvernement saoudien, ce que beaucoup n’ont pas compris à l’époque, il donnait en effet à Onassis les moyens d’étrangler la production pétrolière saoudienne.

     

    Au terme de négociations intensives, un tribunal d’arbitrage a donné gain de cause à l’ARAMCO.

     

    Furieux, Tariki partisan d’Onassis, exige dorénavant 75% des profits de l’ARAMCO plus la moitié des revenus que celle-ci tire de l’exploitation de la Tapline, et il réclame immédiatement 80 millions $.

     

    Entre temps l’OPEP a installé son siège à Genève, c’est là qu’elle tient sa première conférence officielle le 14 mai 1961, et choisit son premier Secrétaire Général, contre toute attente ce n’est pas Tariki qui est élu, il est devenu trop gênant.

     

    Ultranationaliste, c’était un fervent admirateur de Nasser, ce qui irritait son propre gouvernement.

     

    Il y allait trop fort, non seulement il était en bagarre avec les grandes compagnies pétrolières et les gouvernements occidentaux, mais aussi avec son propre gouvernement.

     

    La politique de Saoud s’avèrait désastreuse, le roi qui gaspille l’argent avait ruiné le royaume, ses initiatives en faisaient la risée (objet de moquerie ) du monde entier, le conseil des anciens qui influence les décisions au sein de la famille royale saoudienne, estimant que Saoud devait partir, a pressé son frère le prince Fayçal de prendre le pouvoir.

     

    Fayçal revient aux affaires mais il imposa Saoud un programme d’austérité et l’éviction de Tariki.


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  • 6/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles


    Troisième Quart ( 3 / 4)

     

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    Début :

    30 min

    Fin :

    45 min

     

     

     

    Tariki fut expulsé du pays par Fayçal qui était son ennemi juré, Fayçal possédait des enregistrements de conseil de cabinet, où Tariki l’accusait d’avoir autorisé son beau-frère à recevoir des pots de vin des japonais, Fayçal considérait Tariki comme déloyal envers son gouvernement.

     

    Fayçal nomme aussitôt un nouveau ministre de pétrole, le Sheikh Zaki Yamani.

     

    Yamani était un juriste islamique réputé, il s’avérait beaucoup plus dangereux pour les compagnies pétrolières que Tariki, résolu, concret,  il allait au cœur des problèmes, mais il était plus facile de négocier avec lui, avec Yamani on peut discuter, avec Tariki c’était impossible, ça tournait toujours mal.

     

    Il voulait que nous prenions le contrôle réel de nos ressources par la manière forte en expulsant les compagnies, personnellement j’estime que nous avons besoin d’elles, mais il nous fallait nous structurer et ça ne se fait pas dans un jour, ça prend du temps.

     

    Yamani a obtenu en douceur tout ce que Tariki exigeait, mais sans encourir le sentiment que Tariki provoquait.

     

    Le premier succès décisif de Yamani va être d’amener par ruse l’ARAMCO de négocier avec l’OPEP.

     

    Nous avons décidé que l’Arabie Saoudite négocierais en fait pour l’ensemble de l’OPEP, j’ai constitué la délégation chargée des pourparlers, et j’y ai fait entrer secrètement des ressortissants des autres pays arabes qui ont siégé parmi la délégation saoudienne.

     

    Nous ne pouvions récuser personne dans leurs délégation, ils représentaient une puissance souveraine et dés lors que nous signions un accord avec tel pays, il était difficile ne pas signer le même avec les autres.

     

    Voila comment nous avons forcé les compagnies à traiter avec l’OPEP, mais elles ne l’ont pas reconnu pour autant.

     

    Je ne crois pas que les multinationales pétrolières aient eu intérêt à briser le pouvoir naissant de l’OPEP, elles ont estimé préférable de rester en bonnes termes avec l’organisation, elles tenaient par-dessus tout de préserver leurs sources de pétrole brut, par contre certains gouvernements, dont le gouvernement américain, se sont efforcés dés le début à faire éclater l’OPEP.

     

    La tentative de pression la plus apparente a été le détachement de l’Iran du bloc solidaire des pays producteurs lors des discussions de 1961 et qui ont suivi.

     

    Dans les débuts de l’OPEP, durant les années 60, l’Iran était dirigé par une poing de fer, il n’avait pas le même régime que les autres pays membres, et de ce fait, se trouvait souvent en discordance avec eux, c’était le pays qui disait systématiquement non chaque fois qu’une mesure était proposée contre les compagnies.

     

    La position du shah au sein de l’OPEP a toujours était extrêmement difficile, d’abord il n’était pas arabe, ensuite la production pétrolière de l’Iran faisait concurrence à celle de l’Arabie Saoudite, en fait c’est le comportement sans scrupule des compagnies pétrolières qui a poussé le shah à entrer dans l’OPEP.

     

    Le shah qui compte sur les revenus du pétrole pour faire de son pays des premières puissances industrielles de l’an 2000, se sert de l’OPEP comme cheval de bataille, contre les compagnies.

     

    Au cinq pays fondateurs : le Venezuela, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Iraq et le Koweït, se sont rallié : le Qatar en janvier 1961,  la Libye en avril 1962 ainsi que l’Indonésie.

     

    En 1967 c’est le tour d’Abu Dhabi, en 68 des Émirats Arabes Unis, en juillet 69 l’Algérie entre dans l’OPEP, suivi du Nigeria en juillet 71, de l’Équateur en novembre 73 et enfin du Gabon en 75.

     

    Une fois formé, l’OPEP se posa en contre pouvoir vis-à-vis des compagnies, mais elle du aussi compter de plus en plus avec le nationalisme arabe.

     

    Nous avons tous le même intérêt commun, c’est le pétrole, et dans toute la mesure du possible, nous nous efforçons de limiter strictement à ce qui concerne cette activité, sans nous laisser guider par des considérations politiques, il n’en reste pas moins que ce contexte politique existe, et qu’il nous pose des problèmes dans la définition de notre politique pétrolière.

     

    En 1965, le siège de l’OPEP est  transféré à Viennes, durant 2 ans, en application des statuts, les conférences vont se succéder de 6 mois en 6 mois, dans l’indifférence générale et sans résultats majeurs, 1967 va mettre fin à cette routine.

     

    Le 05 juin, l’Égypte, La Syrie, la Jordanie attaquent Israël par surprise, ce sera une guerre éclair, 6 jours plus tard, le conflit s’appellera la guerre des 6 jours, les 3 agresseurs sont écrasés par l’armée israélienne..

     

    Dans tous les pays arabes, le contre coup de cette défaite est terrible, et déchaine la fureur populaire, Nasser accuse les États-Unis, la RFA et la Grande Bretagne d’armer Israël, il ferme à nouveau le Canal de Suez, les armées des pays arabes de l’OPEP occupent les installations pétrolières, et mettent l’embargo sur le pétrole destiné aux pays complices d’Israël.

     

    En Arabie Saoudite, l’ARAMCO compagnie américaine, se trouve en posture délicate, les troupes saoudiennes ont investi ses installations.

     

    Il n’était évidement pas question pour nous de léser les intérêts américains, mais nous devions éviter tout ce qui peut servir de prétexte à notre expulsion d’Arabie, l’ARAMCO était une compagnie privée opérant dans un pays étranger, elle ne pouvait compter sur la force les baïonnettes, les baïonnettes elles étaient de l’autre coté, nous avons fait ce que on nous ordonnait, ça était la seule position de l’ARAMCO.

     

    Elles étaient coincées entre le monde arabe et le lobby juif aux États-Unis, les compagnies américaines malheureusement, n’ont pas toujours défendu comme elles l’auraient dû, les véritables intérêts des États-Unis, elles nous ont profondément mécontenté tout en se mettant aussi à dos le lobby juif.

     

    Il est très difficile de maintenir un embargo réellement efficace, les pays visés trouvent 100 façons pour le détourner, et trop de gens ont avantage à les y aider pour leur profit personnel, comme d’autres pays arabes, l’Iraq n’a pas appliqué l’embargo, elle a fait exactement l’inverse, il a augmenté sa production au maximum, et vendait tout le pétrole qu’il pouvait.

     

    Du fait de sa situation géographique, le Venezuela a forcement bénéficié, qu’il l’a voulu ou non, des événements et de la pénurie qui se produisait en Moyen Orient.

     

    Bien que musulman, l’Iran ne respectera pas l’embargo, mais va au contraire augmenter ses livraisons aux pays touchés.

     

    Les relations entre le Shah d’Iran et Nasser étaient très mauvaises, l’Iran n’est pas pays arabe, le Shah d’Iran à cette époque ne poursuivait pas une politique pro arabe en 67, et n’avait aucune raison de cette solidarité.

     

    Tout en défendant les intérêts des palestiniens, il ne veut pas se mêler de ce conflit entre les arabes et les iraniens.

     

    L’Iran n’était pas notre ennemi, mais il soutenait nos pires ennemis et coopérait avec eux.

     

    Tout au long des années, le shah d’Iran président destiné de ce grand pays, ……..nous n’avons plus de raison de ne pas faire savoir que depuis de très nombreuses années une partie de l’approvisionnement en pétrole d’Israël venait de l’Iran.

     

    Toute réduction de production des pays arabes, était compensée par l’augmentation de la production ailleurs, l’embargo n’avait aucun effet.

     

    C’est cet échec total que sont forcés d’enregistrer les chefs des pays musulmans producteurs de pétrole réunis à Khartoum le 29 aout 1967, l’embargo se solde par un désastre économique, à elle seule l’Arabie saoudite a perdu 30 millions $ en manque à gagner, le Koweït un million par jour, les caisses sont vides, l’embargo est levé le 13 octobre, il a duré 5 mois, les pays arabes créent leur propre organisation au sein de l’OPEP : l’OPAEP Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole.

     

    L’OPAEP, historiquement parlant, a été crée par 3 pays producteurs arabes très conservateurs : la Libye, l’Arabie saoudite et le Koweït, leur initiative constituait surtout une réaction contre les pressions politiques qu’ils avaient à subir de la part des autres pays arabes et les incitait à utiliser le pétrole comme arme politique.

     

    L’OPAEP de par ses statuts, est liée par les décisions prises par l’OPEP, toute résolution de l’OPEP quelle qu’elle soit, doit être appliquée par tous les membres de l’OPAEP, qu’ils soient ou non eux même membres de l’OPEP, l’OPEP a été une force positive mais presque totalement inefficace jusqu’au début des années 70.

     

    Elle a pu enrayer la diminution des revenus pétroliers de ses États membres, mais elle n’a pas réussi  à les accroitre valablement, jusqu’au début de 1970.

     

    Les événements qui surviennent en Libye cette année là vont mettre l’OPEP en position de jouer un rôle déterminant sur le marché pétrolier mondial.

     

    Le 1er septembre 1970 alors que Idriss 1er  a quitté Tripoli pour un séjour en Turquie, la révolution éclate en Libye, force le vieux roi à se refugier à Athènes, un groupe de jeunes officiers libyens intégristes, écœurés de la corruption du régime, a soulevé l’armée, à leur tête un musulman fanatique : le major Mouammar Kadhafi.

     

    Les révoltés accusent Idriss d’avoir bradé le pétrole libyen aux étrangers et proclament la république.

     

    Porté au pouvoir, Kadhafi commence par expulser les américains de Wheelus leur plus grande base aérienne en Afrique du nord, mais il rassure les compagnies pétrolières installées en Libye, jure solennellement qu’il ne touchera pas à leurs concessions, fausse promesse déjà, il va s’empresser d’oublier.

     

    Le président Kadhafi était résolu à briser le monopole des 7 sœurs, il voulait abaisser le coût de production du pétrole libyen pour  rendre compétitif avec celui des autres pays producteurs sur le marché européen.

     

    L’un de ses premiers objectifs est la British Petroleum, symbole de la domination anglaise sur la Libye.

     

    Pour empêcher les anglais de le boycotter et de faire appel contre lui une fois de plus à la solidarité des autres multinationales pétrolières en Amérique et ailleurs, Kadhafi opéra d’une façon très astucieuse : il convoqua Bunker Hunt, un pétrolier texan qui possédait une vaste concession en Libye et le prévint : si vous voulez conservez votre affaire ici, et continuer à extraire du pétrole, persuadez les autres pétroliers américains de ne pas nous boycotter, ainsi en garantissant un certain xxx concession il préparait l’éjection des anglais.

     

    Pour contraindre les sociétés implantées en Libye à accepter ses conditions,  Kadhafi les attaquent en ordre dispersé, il convoque l’américain Hammer dont l’Occidental Petroleum a pompé cette année là 240 millions de barils en Libye, Kadhafi exige 40 ¢ ( cents) de plus par baril, Hammer cède, Exxon lui a refusé son appui pour tenir tête aux libyens, satisfait, Kadhafi accorde de nouvelles concessions à Hammer en compensation.

     

    En donnant à de petites compagnies pétrolières indépendantes et  particulièrement à l’Occidental d’Armand Hammer, les moyens de tenir tête en Libye aux multinationales, Kadhafi a réellement commencé à démanteler le cartel, en recevant de nouvelles concessions en Libye pour prix de sa docilité, Hammer met en position fâcheuse les 7 sœurs qui ne pouvaient le neutraliser parce que Kadhafi le protégeait, et celui-ci se servait de Hammer pour miner à la fois, la puissance des pays arabes et celles des grandes compagnies pétrolières.

     

    L’action du libyen nous n’a pas rendu plus forts, mais elle a mené les compagnies pétrolières à se dire : nous ne pouvons pas nous battre contre tout le monde, essayons de trouver ailleurs un terrain d’entente.

     

    Les multinationales du pétrole y sont d’autant plus enclines que le sort s’acharne contre elles.

     

    Le 03 mai 1970, un accident détruit la Tapline qui achemine le pétrole saoudien jusqu’à la méditerranée, or le Canal de Suez est toujours fermé, et il y a pénurie de pétroliers géants pour ramener le brut Arabo-iranien jusqu’aux raffineries occidentales en contournant toute l’Afrique, la Libye et l’Algérie qui ont un accès direct à la méditerranée, en profitent pour hausser le prix de leurs bruts, mais les autres pays producteurs s’alignent tout aussitôt.

     

    Encouragé par la victoire de Kadhafi sur les grandes compagnies et par les signes avant coureurs d’une pénurie de pétrole, l’OPEP se sent le vent en poulpe, à Caracas, fin 70, elle impose à ses membres de taxer désormais les compagnies à 55% minimum, interdit tout rabais et préconise une hausse générale.

     

    Les pays de l’OPEP avaient commencé à revendiquer une participation dans le capital des compagnies qui opéraient sur leurs territoires.

     

    La participation était l’un des objectifs depuis mon arrivée au ministère de pétrole, nous avions tout programmé bien avant que la guerre nous ne donne l’occasion d’agir.


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  • 6/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles


    Quatrième Quart ( 4 / 4)

     

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    Début :

    45 min

    Fin :

    60 min


     

     

    Les grandes sociétés pétrolières dés leurs premières difficultés en Libye, réalisèrent qu'elles étaient menacées d'une totale remise en question de leurs droits, il leur fallait faire bloc, cesser de se livrer entre elle à la guerre des rabais, et se  concurrencer au risque de provoquer une rupture du cartel,  elles font une réunion au Quartier Général de BP, et constituèrent un groupe de défense, ceci obligea les sociétés américaines à requérir une dispense spéciale du département anti trust à Washington, comme jadis en Iran, le département anti trust donna carte blanche aux intérêts des grandes compagnies pétrolières.


    23 multinationales du pétrole dont les 7 sœurs, font alors un état major de crise : le London Policy Group, chargé de contrer l'OPEP lors de la conférence qui en janvier 1971 à Téhéran, mettra face à face, pays producteurs et pays consommateurs de pétrole, chacun des intéressés s'engage à ne signer aucun accord séparé avec la Libye, se sera tous pour un, un pour tous, l'âme de ce lobby pétrolier, le plus puissant qui a jamais existé est le juriste américain McCloy.


    Le 28 janvier 1971 à Téhéran, sous la présidence de Howard Page d'Exxon et xxx président de la British Petroleum, les représentants des 23 plus grandes compagnies pétrolières internationales affrontent le Sheikh Yamani de l'Arabie Saoudite, chef de la délégation des pays producteurs et les ministres de pétrole de l'Iran, d'Iraq, du Koweït, du Qatar et d'Abu Dhabi.


    La conférence de Téhéran fût rendu nécessaire parce que les libyens avaient unilatéralement augmenté le prix de l'or brut, les compagnies pétrolières s'efforcèrent alors de trouver avec les pays producteurs et l'OPEP, un ajustement entre les prix libyens et ceux pratiqués dans le Golfe, c'était la première fois que s'ouvraient ce genre de discussions sur les prix.


    En 1971, le prix du pétrole tournait autour de 3 $ et le prix de revient était inferieur à 5 ¢, accumuler ce genre de plus value pendant des décennies n'est pas négligeable, le fait de rencontrer dans les 10 plus puissantes sociétés mondiales 8 pétrolières laissent rêver. Certains compagnies en transféré dans leurs compagnies de navigation les profits sur le transport pour diminuer les bases fiscales définies.


    Ce fût une tâche quasi insurmontable pour les négociateurs que d'arriver à harmoniser les prix, la production du pétrole comptait 2 fois plus cher aux États-Unis que dans les pays du Golfe.


    À Téhéran, les délégués des compagnies doivent céder aux exigences de l'OPEP, l'accord conclu pour 5 ans le 14 février, leur impose une augmentation immédiate du prix du brut de 20 %, plus 20 ¢ ( cents) par baril chaque année, en cinq ans, le baril coûtera 10 fois plus cher passant de 5 ¢ à un demi dollar, de plus une indexation de 2,5% par an compensera l'inflation.


    Les arabes avaient retenu la rude leçon que leurs a déjà infligé les compagnies pétrolières anglaises et américaines, à chaque fois qu'un pays arabe exerçait des représailles contre une compagnie, toutes les autres faisaient immédiatement bloc et boycottaient le pétrole de ce pays, alors tous les arabes se sont dit : faisons comme elles ! à chaque fois que nous déciderons de priver une société de pétrole, aucun autre pays producteur ne rompra cet embargo.


    Le 24 février 1971 après avoir signé les accords de Téhéran, l'Algérie nationalise à 51% son pétrole, et à 100 % son gaz et ses oléoducs.


    J'avais proposé au gouvernement à l'époque de nous retirer bénévolement en négociant notre départ et sans attendre le coup de pied désagréable de la nationalisation, le gouvernement a choisi une autre méthode, mais nous avons pris nos précautions, le pétrole que nous produisions en Algérie, nous le vendions à l'étranger et nous achetions pour ravitailler nos raffineries du pétrole de l'étranger, lorsque les algériens ont arrêté le débit de nos gisements, nos raffineries ont continué à être alimentées.


    Si la France était restée présente au Sahara, la prospection aura rapporté des sommes absolument considérables, en 1969 au moment où j'ai quitté les affaires pétrolières, nous avions assez largement récupéré, une part très large de la mise qui a été investie au Sahara, je ne peux pas vous dire c'est au moment où les sociétés françaises ont été nationalisées en Algérie, nous avions obtenu.....


    Plus rien ne semble pouvoir contenir l'avidité des pays producteurs du pétrole, le 21 avril 1971 la Libye absente à Téhéran, impose aux 15 compagnies qui achètent son pétrole, le prix de 3,30 $ le baril, aussitôt le Nigeria, l'Arabie saoudite, l'Iraq où l'IPC a repris ses activités, l'imitent, mais en aout, les États-Unis interdisent toute conversion du dollar en or, cette dévaluation déguisée sera officialisée en décembre, tous les états pétroliers s'estiment lésés.


    En représailles, les pays de l'OPEP réunis en janvier 1972 à Genève, augmentent le prix du brut de 8,5% et indexent son cours sur 9 monnaies fortes, en mars à Beyrouth, ils se fixent comme objectif immédiat l'obtention d'une participation d'au moins 20% dans le capital des compagnies étrangères qui extraient leurs pétroles.


    Mais entre temps, les événements se sont précipités en Iraq, depuis 1968, le parti Baath, ultra nationaliste a conquis le pouvoir, en 1970 son homme fort, Saddam Hussein, fait appel à l'union soviétique pour mettre les nouveaux gisements iraquiens en exploitation, à la vive inquiétude des États-Unis, une nuée de techniciens russes s'installent en Iraq à qui l'union soviétique assure également une aide militaire considérable.


    Avec l'URSS, nous avons conclu des accords qui ne laissent pas les intérêts iraquiens, voyez vous, notre politique pétrolière suit le même chemin que notre politique tout court, et nous agissons en fonction de l'attitude des pays vis-à-vis de problème palestinien.


    Le 1er juin 1972, l'Iraq ferme les vannes du pipeline de Tripoli et nationalise Brutalement les installations de l'Iraq Petroleum Company.


    Annoncé par la télévision, la disparition de l'un des plus puissants consortiums internationaux, déchaîne l'enthousiasme et la xénophobie (l'hostilité à l'égard de la présence des étrangers) populaire.


    Xxxx de l'IPC en Iraq constitue un tournant capital, il s'agit en fait d'une transformation radicale, d'un statuquo, d'une situation faite que nous vivons dans cette région depuis 50 ans, et qui s'appelle le régime des concessions, c'est l'exploitation du pétrole arabe par les sociétés concessionnaires étrangères, il est fort possible qu'elles fassent une pression sur l'Iraq pour empêcher de commercialiser son pétrole, mais je crois que il est toujours possible pour l'Iraq de vendre une partie de ce pétrole à des acheteurs indépendants étrangers, éventuellement à la France, au cas où la France saisit la perche que l'Iraq lui a tendue et accepte de prelever la partie qui revenait à la CFP dans l'IPC.


    Avec la France, je suis prêt à négocier, car la France a toujours eu une attitude correcte vis-à-vis du problème palestinien.


    L'Iraq était complètement pris à la gorge par les majors américains et anglais, d'autre part, la France aussi cherchait les voies de son indépendance en se libérant notamment des intérêts américains et anglais, la convergence des intérêts politiques et économiques des 2 pays, a abouti à l'accord du Sénat de1973 qui donnait un traitement privilégié à la France, la France touchait autant de pétrole que avant la nationalisation, l'Iraq est devenu le premier fournisseur de la CFP, quand la CFP traitait 2 litres de pétrole, il y avait qui venait de l'Iraq, l'Iraq avait besoin d'armes, elle d'un lobby pétrolier iraquien, autour de cette convergence d'intérêts, s'est bâti un réseau extrêmement séré de relations : armes, pétrole, nucléaire entre ces 2 pays.


    Les nationalisations en Lybie, en Algérie et en Iraq engendre une réaction en chaîne, le 05 octobre 1972, l'Arabie Saoudite force l'ARAMCO à lui céder 25% de son capital, pour la première fois les saoudiens participent vraiment à l'administration de la compagnie.


    On leur a jamais refusé, mais ils n'avaient jamais rien demandé, le conseil de l'ARAMCO ne comprenait que les représentants des quatre compagnies américaines fondatrices, jusqu'à ce qu'il rentre le Sheikh abbas xxx , très lié au roi, il a été le premier membre arabe du conseil, plus tard, d'autres membres du gouvernement saoudien, sont entrés en conseil d'administration.

    Notre premier pas décisif a été d'arracher cet accord de participation qui nous a réellement donné accès à l'industrie au marché pétrolier, le second a été d'obtenir droit au chapitre dans la fixation des prix du pétrole.


    À ce moment là une dernière tentative a été faite avec succès au départ, pour détacher enfin un des pays producteurs de la solidarité de l'OPEP, et des négociations ont été menées à Téhéran en 1972 avec le shah et l'Iran a lâché la solidarité des producteurs en échange de très grandes concessions, non seulement sur le montant des redevances, sur le partage des bénéfices mais sur les investissements massifs, à la fois dans l'industrie pétrolière iranienne et dans l'infrastructure générale du développement économique du pays, cet abandon de l'Iran de la solidarité des pays producteurs du pétrole, a été une des causes pour lesquels on a laissé Khomeiny faire la révolution que vous connaissez.


    Cette tragédie est encore loin, mais c'est un véritable séisme économique qui en 1973 va secouer le monde au terme des 10 années difficiles où le cartel, défaite après défaite, a vu s'effriter sa toute puissance.


    1973 c'est l'année noire où se produit que l'histoire baptisera : le premier choc pétrolier, ce sont les surprenants dessous de cette catastrophe que vous dévoilera notre prochaine émission.


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  • 7/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le temps des règlements de comptes


    Premier Quart ( 1 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=-8157924255436204952&q=source%3A004309600438005547921&hl=fr


    Début :

    00 min

    Fin :

    15 min

     

     

    Pour le monde pétrolier occidental, l'année 1973 débute sous de noirs auspices, le 12 février pour la seconde fois en un an, le dollar dévalue, or toutes les taxes et redevances payées par les compagnies aux pays producteurs de pétrole sont calculées en dollars, à nouveau les États pétroliers se sentent spoliés, leur réaction ne se fait pas attendre, en juin à Genève, l'OPEP augmente le prix du brut de près de 12 % avec effet rétroactif au 1er janvier et impose aux compagnies pétrolières un nouveau système d'indexation, les prix seront révisés chaque mois et réévalués à chaque fois que le taux de l'inflation mondiale s'accroitra de 1 %,  en 3 ans le brut saoudien a augmenté de 60% et le light libyen plus que doublé.


    Le 06 octobre, l'Égypte et la Syrie agressent Israël par surprise pendant la fête de kippour, battue dans le Sinaï, les israéliens écrasent les syriens, se retournent contre les égyptiens, percent leurs défenses et franchisent le Canal de Suez, la fureur arabe ne connaît plus de bornes, elle va provoquer un désastre économique que les gouvernements occidentaux eu sans doute pu épargner.


    Ceci reste pour moi un mystère, pourquoi les occidentaux n'ont-ils pas tenu compte des avis qui leurs parvenaient de tout coté, en partie sans doute parce que ces avertissements émanaient des sociétés pétrolières en qui les gouvernements n'avaient aucune confiance, même les lobbies pétroliers n'ont pu se faire entendre, le gouvernement d'Arabie Saoudite avait très clairement prévenu les américains que les arabes ne toléreraient plus leurs politiques et que leur patience était à bout.


    Dés le 08 octobre à Viennes, les pourparlers engagés par les compagnies pétrolières avec l'OPEP qui exige la révision anticipée des accords de Téhéran sont rompus du fait des nations arabes.


    Le 16 à Koweït, les 6 pays du golf augmentent le prix du brut de 70% sans même en référer aux compagnies, et le lendemain les 10 pays arabes membres de l'OPEP recourent au chantage en décidant de réduire chaque mois...... tous les territoires qu'il a occupé depuis 67 et rétabli dans ses droits le peuple palestinien, en outre ils décrètent l'embargo sur tout le pétrole destiné aux États-Unis, au Canada, à la Hollande, au Portugal et à l'Afrique du sud, considérés comme des alliés des juifs.


    Durant quelques semaines, l'embargo décidé par les arabes causa de sérieuses difficultés d'approvisionnement et déclencha une vraie panique, il a eu pour effet d'aggraver encore la pénurie, car chaque pays commença à stocker désespérément tout le pétrole possible et à négocier séparément avec les arabes.


    La réaction des européens devant l'embargo fut hystérie et ne contribuera évidement à rien à favoriser une solution à long terme.


    Le 04 novembre 10 jours après que l'Égypte ait sollicité un armistice, les États arabes réduisent brutalement leur production de pétrole d'un quart, sur les marchés pétroliers, les prix flambent vertigineusement.


    Bien que l'Algérie maintienne ses livraisons à la France à leur niveau normal, celle-ci prend des mesures draconiennes de restrictions notamment en matière d'éclairage.


    À 22h00 ce soir là, les illuminations qui jusqu'au là ont valu à Paris son surnom de ville lumière s'éteignent soudain, toute la France est plongée dans l'obscurité.


    Toute l'Europe occidentale applique des semblables règles d'austérité, à Rome et dans toute l'Italie, la circulation automobile est réglementée et quasiment interdite le dimanche et les jours fériés.


    La psychose atteint son paroxysme, la Belgique instaure des dimanches sans  voitures, et la Hollande pays le plus visé par l'embargo interdit toute circulation automobile non utilitaire et impose le rationnement du carburant.


    Est-ce que ca veut dire que la hollande manquait de pétrole ? Non, si il y a un pays au monde et qui sera le dernier à manquer de pétrole, c'est le pays qui renferme le port pétrolier le plus grand du pétrole qui s'appelle Rotterdam, les plus grandes réserves pétrolières du monde se trouvent à Rotterdam, il n'y a eu jamais eu physiquement à aucun un moment une pénurie de pétrole.


    Et de fait début 1974, quand les États arabes appliquent l'embargo, 200 tankers de 150 000 tonnes en moyenne chargés de pétrole sont déjà en mer, pour les compagnies, rien de plus simple que de modifier discrètement leurs destinations pour repartir ces cargaisons en fonction des besoins les plus urgents.


    Les sociétés pétrolières pouvaient repartir à leur gré l'approvisionnement dont elles disposaient mais les multinationales ont du faire face à un grave problème : gérer la pénurie, si elles avaient appliqué une quelconque discrimination à un pays visé par l'embargo, elles se seraient attiré pour longtemps son hostilité, elles ont pris sur elle de repartir équitablement leurs stocks sans tenir compte des décrets arabes d'embargo.


    Je ne pense pas du tout c'est une période de pénurie de pétrole jamais eu autant je me souviens en 1973 le shah avait décidé d'exploiter ses gisements de telle façon, tellement extensivement et intensivement qu'il ne devait plus rester de pétrole en Iran en 1993, il voulait produire 7 millions de barils jour, ce qui était énorme.


    Le roi n'avait pas accepté le blocus imposés aux pays occidentaux, parce que  vraiment il voulait ne pas pousser la catastrophe qu'elle soit pétrolière et défendre d'une façon les intérêts des occidentaux... il a été accusé par les arabes et les autres qu'il était trop pro-occidental.


    Pour nous la seule chose qui importe c'est être compensé de la dévaluation réelle par exemple du dollar.


    Pour le reste vous ne souhaitez pas utiliser le pétrole comme une arme de pression quelle qu'elle soit ?


    Non jamais parce que c'est une arme à double tranchons.


    Il n'y a eu jamais de pénurie grave, mais il était important de rationner parce que on n'était pas sûrs que les soudures se feraient.


    On a effrayé l'opinion publique européenne en 73 pendant nombre de mois d'ailleurs avec la possibilité qu'il n' y avait plus d'essence pour rouler sur la route, mais ces dirigeants politiques savaient très bien qu'il n'y avait pas manque de pétrole, les États-Unis ont publié en 1975 un rapport sur l'état de leurs réserves pétrolières, au cours de ce soit disant embargo, en février 74 les réserves de pétrole américaines était de 5% plus importante que en septembre 73, ca veut dire qu'il n' y avait jamais eu manque de pétrole.


    Il y  eu une psychose qui a permit à l'OPEP d'augmenter plus rapidement ses prix, à Genève en Aout 73 on avait établi un échéancier pour passer le prix du pétrole de 3$ à 7$ en trois ans, et bien l'OPEP a réussi un coup de maitre, elle a réussi à télescoper cette période, et non pas attendre trois ans pour le doubler mais en quelques mois en créant une psychose, une peur.


    Sacrée victoire pour cet avocat miteux de Yamani, il a dit : les sociétés pétrolières ont peur, parce que dorénavant, les contrats changerons non plus du fait de la conjoncture mais du fait de notre seule volonté, et c'est effectivement devenu la règle que l'OPEP a appliqué et qui a justifié toutes ses exigences ultérieures, si bien que en 1973 quand les arabes ont augmenté le prix du pétrole sans même en référer aux compagnies, nul n'a contesté la légalité de cette hausse.


    En décembre 73 à Téhéran, les 6 États du golfe fixent le prix du brut à 11,65 $, en trois mois le prix du baril a quadruplé, et en 2 mois les revenus des pays producteurs ont augmenté de 300%, le shah d'Iran fait le forcing, il met en enchères 12 millions de tonnes de brut livrables en 74, c'est la frénésie, le Japon offre 17 dollars par baril, et ce n'est pas fini.


    Si le marché libre de Rotterdam qui ne représentait que 5% de tous les échanges de pétrole dans le monde, le baril a atteint jusqu'à 20 $, c'est les japonais qui poussaient les prix à hausser, les américains ont été à peu près les seuls à vouloir faire front à l'augmentation subite et exagérée du prix du pétrole, ils ont voulu organiser un front uni, un front commun des pays consommateurs , ce sont les pays européens qui ont pensé qu'une autre tactique allait être plus préférable pour eux.


    Perdant toute dignité, la communauté européenne et le Japon s'associe à la résolution 240 de l'ONU condamnant Israël, devant cette docilité l'OPEP remonte sa production de 10%, mais maintient l'embargo contre la Hollande et les États-Unis, il sera levé 3 mois plus tard, en janvier 74 à Koweït , les États arabes appliquent d'un seul coup la hausse de 70% prévue en novembre, le Koweït et le Qatar s'arrangent 60 % des avoirs des compagnies opérant chez eux.


    On aurait pu éviter tout cela si on avait permis au prix de pétrole d'augmenter en harmonie avec les prix des autres matières premières dans les années précédentes au début de 1971 pour la majorité des matières premières les prix avaient triplé, quadruplé ou quintuplé dans certains cas, le prix du pétrole était le dernier à augmenter dans cette période, la différence c'est que pour toutes matières premières les prix ont augmenté graduellement, alors que le prix du pétrole a augmenté d'un seul coup.


    Les gouvernements occidentaux et les multinationales ont eu une lourde part de responsabilité dans cette flambée des prix pétroliers.


    Ainsi en France, dès cette époque, l'État prélevait plus de 51% d'impôt divers sur chaque baril de carburant, les compagnies récupérait 26% et moins de 22% allait aux pays de l'OPEP, aujourd'hui c'est pire encore, les prélèvements de l'État dépasse 62%.


    En Grande Bretagne le gouvernement s'appropriait alors environ 30%, les compagnies pétrolières plus de 40% en  coûts et profits et moins de 31% allait aux pays producteurs de l'OPEP.


    La folle augmentation des prix pétroliers porte un coup meurtrier à l'économie des pays hautement industrialisés jusqu'au là en pleine expansion et notamment à la production automobile, la récession frappe le monde entier.


    Les compagnies pétrolières et en particulier les multinationales furent blâmées pour certaines des effets désastreux de l'embargo, elles n'étaient guerre portées à se conduire honnêtement car elles voulaient éviter de se brouiller avec les producteurs arabes dont elles dépendaient étroitement, leur position hypocrite les désignent donc comme les boucs émissaires d'un désastre causé par décisions politiques et diplomatiques des États arabes.


    Les prix étaient 4 fois plus élevés au dernier trimestre 1973 que l'année d'avant, et bien sûr les compagnies qui avaient du stock ont fait des bénéfices beaucoup plus importants.


    On a accusé les sociétés pétrolières et le gouvernement des États-Unis d'Amérique, du fait qu'à l'époque les américains importaient 50% des besoins pétroliers et les européens importaient  les 3/4  , les américains voyaient donc dans l'enrichissement du pétrole un avantage dans la guerre économique internationale pour les produits industriels, je ne pense pas que ça doit être vrai, l'Amérique se rendait bien compte depuis plusieurs années déjà que la part des ses importations dans son approvisionnement pétrolier est grandissant d'une année à une année,  et qu'autrement dit, si elle menait une telle politique cela se retournait immédiatement contre elle.


    C'est l'ARAMCO qui se trouvait dans la position la plus délicate, elle était devenue pour moitié une société saoudienne et n'avait guerre d'autre choix que se conformer aux exigences du gouvernement saoudien si elle ne voulait pas se créer d'énormes problèmes.


    Le gouvernement des États-Unis s'est montré soucieux de préserver les liens privilégiés de l'ARAMCO avec l'Arabie Saoudite,  si bien que les dirigeants de l'ARAMCO ont pu obéir aux ordres du gouvernement saoudien, mais cela ne fit que les rendre plus impopulaires aux yeux des politiciens de Washington.


    Le gouvernement saoudien a imposé des règlements qui n'existaient pas jusqu'à là, il a exigé un certificat garantissant la destination de chaque cargaison quittant le terminal de Ras Tanura, l'ARAMCO a du se plier à cette loi, les saoudiens détenaient le pétrole, mais aux États-Unis la presse et les caricaturistes ont clamé que les cheikhs arabes dictaient leurs lois à l'Amérique.


    L'ARAMCO s'inclinera à nouveau en été 1974 lorsque l'Arabie Saoudite au lieu de 25% exigera 60% de son capital avec effet rétroactif au 1er  janvier , et tous les émirats arabes suivront.


    Je crois que le choc pétrolier de 73 aurai eu lieu même sans guerre arabo israélienne, en 1973 la demande pétrolière augmentait à un rythme telle que la capacité productive dans les pays de l'OPEP commençait à atteindre sa limite.


    La consommation de pétrole augmentait chaque année d'environ 5 à 7 %, si elle avait continué à s'accroitre à ce rythme elle aurait atteint aujourd'hui 65 millions de barils par jour, disposer de telles quantités de pétrole est inimaginable, donc si le prix du pétrole n'avait pas grimpé en 73, nous courions à un désastre auquel nul ne put faire face, grâce à Dieu l'augmentation des prix du pétrole nous a permis de réduire la consommation graduellement et de la ramener au niveau acceptable où elle se situe à présent.


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  • 7/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le temps des règlements de comptes


    Deuxieme Quart ( 2 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=-8157924255436204952&q=source%3A004309600438005547921&hl=fr


    Début :

    15 min

    Fin :

    30 min

     

     

    A la veille du choc pétrolier du 73, seuls les professionnels connaissaient l'existence à Rotterdam d'un marché libre, véritable bourse de pétrole, la spéculation engendrée par la panique, révèle soudain le rôle décisif que ce Spot Market joue désormais dans la fixation des cours mondiaux, même si on ne traite à Rotterdam que 5%  des cargaisons disponibles au total.


    Dans la mesure où le marché libre réagit d'une façon si déterminante qu'il enclenchait résistiblement des hausses ou des baisses, il influence tous ceux qui font les décisions.


    Pourquoi le Spot Market de Rotterdam a-t-il pris cette importance ?


    En période de pénurie, les acheteurs se disputent un pétrole devenu rare et font monter les enchères, les pays producteurs ont alors tout intérêt à vendre tout le pétrole qu'ils peuvent aux prix forts et sur un marché parallèle, plutôt que de fournir leurs clients habituels à un prix inferieur fixé d'avance par des contrats à long terme.


    Machiavéliquement d'ailleurs ces mêmes pays producteurs prennent prétexte des hausses.... réévaluation des prix officiels, à l'inverse quand il y a trop de pétrole, quand l'OPEP impose à ses membres de réduire leurs productions et de tenir fermement les prix, le marché libre permet aux tricheurs de brader discrètement des surplus extraits en dépassement de leurs quotas, tout en feignant sur le marché officiel de respecter quantité et prix convenus, ainsi du fait de sa flexibilité, de sa rapidité à réagir aux moindres fluctuations du marché international, le Spot Market de Rotterdam est devenu depuis 1973 le baromètre des cours mondiaux du pétrole.


    Le marché libre de Rotterdam a pris sa formidable importance parce que toutes les multinationales ont hissé des raffineries, Rotterdam est un centre pétrolier mondial, et du fait de cette position clé, tous les professionnels ici reçoivent de première main un tas d'informations émanant de ces raffineries et de tous les responsables commerciaux qui peuplent les bureaux des grandes compagnies.


    Ici vous pouvez savoir avant tout le monde, où il y a pénurie et où il y a surplus de pétrole, quels sont les besoins et quelles sont les offres des produits pétroliers, et en déduire comment vont évoluer les prix, parallèlement nous disposons d'un système mondial de cotations exactement comme celui des grands marchés boursiers, en vous basant là-dessus, vous pouvez spéculer, jouer à la hausse ou à la baisse comme en bourse, et bien entendu gagner ou perdre.


    La spéculation se déclenche sitôt que sur un quelconque point du globe de grosses quantités de pétrole sont à vendre, à partir de là,  à vous de déterminer par vos calculs vos informations : où un peu plus tard va se produire une pénurie ? vous pouvez alors acheminer votre pétrole vers l'endroit où vous savez qu'il vous rapportera le plus gros profit , bien entendu 3 ou 4 acheteurs peuvent convoiter en même temps le même stock de pétrole, le vendeur alors fait monter les enchères, ca ne veut pas dire que il n'y a pas de pétrole, et c'est ce que s'est produit en 73/74, la demande a brusquement augmenté suite à une réaction de panique et les prix se sont mis à grimper par simple effet de spéculation.


    Effectivement le marché de Rotterdam a entrainé la montée spéculative au delà de ce qui était raisonnable, on le voit bien aujourd'hui.


    Les gouvernements pour les besoins de leurs pays, ont souvent besoin de recourir au marché parallèle donc les compagnies pétrolières étaient chargées par leurs gouvernements de s'assurer une certaine quantité pour faire des stocks, et en général les stocks de guerre des États-Unis ont été fait comme ça par les marché parallèle.


    Ainsi de 73 à 81 une poignée de marchands indépendants à Rotterdam et ailleurs vont régner sur le marché pétrolier mondial, on les appelle des Brokers.


    Un broker était courtier international qui traite la vente et l'achat de matériaux stratégiques dont le pétrole, c'est une personne qui a un bureau soit à Paris, à Genève ou dans les grandes capitales occidentales, dans les grandes villes d'Amérique et qui cherchent l'acheteur de ces produits moyennant une commission comme n'importe quel courtier, il n'a aucun recours devant aucune cour internationale pour exiger ses commissions, c'est une question de confiance entre le chargé de mission des producteurs de pétrole et les acheteurs, d'autre part, il y a des bakchichs qui sont distribués par des banques sur des places de Genève... ou ailleurs.


    Pour faire face à ses engagements financiers, le broker fait appel à la garantie d'une banque internationale dite banque trusty qui lui donne son aval contre un intérêt exorbitant payable d'avance et quotidiennement.


    Beaucoup de brokers engagent leurs biens personnels et ils dépensent des fortunes et des millions en télex, en téléphone, en voyages, en frais d'hôtels etc...pour quelques fois ne jamais rien gagner.


    Les compagnies internationales achètent sur le marché libre, le marché libre est une chambre pour toutes les personnes, très indépendantes.


    La production et la consommation ... et dans quelques périodes de l'année souvent les 7 sœurs veulent vendre une quantité de surplus, sur le marché libre et de l'autre coté le cheikh indépendant dans les pays arabe et OPEP vend une certaine quantité chaque année pour lui même.


    Jamais, ceci est absolument faux, beaucoup de brokers sur le marché pétrolier ont prétendu qu'ils pouvaient se procurer du brut en Arabie Saoudite, et ainsi ils étaient à même de tromper certains acheteurs en leurs faisant croire en période de pénurie qu'ils pouvaient acheter du brut saoudien, ils ont même réussi à escroquer des avances à des clients qui cherchaient du pétrole saoudien, c'était totalement faux, le gouvernement saoudien n'a jamais donné mandat à aucun broker quel qu'il soit de vendre du pétrole saoudien à personne, et jamais du pétrole saoudien n'a été vendu par aucun membre de la famille royale, ni d'ailleurs par aucun individu qu'il soit saoudien ou non saoudien.


    Pourtant les années 73 à 80 verront prospérer bon nombre de brokers, d'émirs arabes et de trafiquants plus ou moins escrocs, dont certains font fortune en ravitaillant clandestinement les pays frappés d'embargo notamment Israël et l'Afrique du Sud, c'est l'époque des cargaisons baladeuses revendues 3 ou 4 fois en cours de route face à des acheteurs trop naïfs, Caroline xxx broker d'occasion a été la victime d'une de ces affaires véreuses.


    Une grande compagnie américaine avait besoin pour faire ses stocks de guerre, d'une assez grosse quantité de pétrole, alors ils ont fait appel à des différents courtiers internationaux, tous les courtiers se sont mis en chasse et un marché a été traité, la grande compagnie américaine est venue à Zurich, il y avait au moins 20 personnes qui sont arrivées pour négocier cette affaire, ces 20 personnes ayant une part du gâteau, un cent (¢), un demi cent, ou un ¼ de cent par baril pour ce marché, le marché était signé et nous avons reçu des télex expliquant la date, le jour, la quantité, le nom du bateau qui devait partir sur Los Angeles, une commission a été désignée pour suivre la cargaison, ces personnes ont suivi la cargaison jusqu'au cap.


    Or entre temps cette cargaison a été vendue à un autre pays, avec d'autres brokers, avec d'autres banques et ces cargaisons ne sont jamais arrivées en Amérique, elles étaient perdues Belle et bien, et les commissions n'ont jamais été payées, ce n'est que la banque qui a gagné de l'argent parce que chaque jour qui passe, la banque a un bénéfice, c'est du piratage, un bateau part avec un pavillon de nationalité, il change de nom, change de couleurs et il arrive avec un autre pavillon, ça se fait couramment tous les jours.


    C'est surtout vrai des armateurs indépendants qui louent leurs pétroliers comme charter,  ils s'aperçoivent parfois qu'il serait plus payant de changer de destination une cargaison et n'hésitent pas à dérouter leurs navires.


    Toutes ces embrouilles ont masqué au grand public une vérité aujourd'hui reconnue par tous les experts sérieux : jamais en 73 il y a eu risque réel de pénurie durable de pétrole, pays producteurs, grands compagnies pétrolières, brokers et jusqu'aux gouvernements abusaient sur les vraies dimensions du problème ont entretenu cette légende pour des raisons diverses, seul effet positif sera de faire accepter par le public de draconiennes économies d'énergies.


    Les conséquences du choc pétrolier de 1973 s'avéreront dramatiques pour les nations industrielles dont le développement est cassé pour 10 ans, au lieu de faire front commun, elles préfèrent négocier en ordre dispersé des contrats bilatéraux avec chaque pays producteur en particulier, les pays non pétroliers du tiers monde voient leur dépenses d'approvisionnement en carburant accroitre catastrophiquement leurs endettements, les pays de l'OPEP, les États arabes surtout, sont à présent pleinement conscients de l'atout que leur assure l'arme du pétrole, ils ne se priveront plus d'en user, en mars 1975 le Koweït et le Qatar nationalisent leurs pétrole à 100%.


    Lorsque le gouvernement du Koweït a décidé de reprendre le contrôle des parts du Gulf et de BP dans la compagnie nationale, ça s'est passé en douceur, l'accord de nationalisation de 1975 va imposer à la BP et à la Gulf de continuer à nous assurer leurs services techniques mais nous les avons utilisé que pendant 2 ans, en échange de cette assistance technique, les 2 compagnies ont bénéficié de certains privilèges en matière de fournitures et de prix de pétrole, mais seulement pour un an.


    ...Sont des sociétés de service uniquement, l'industrie pétrolière a été intégralement nationalisée, le Koweït maître de son pétrole dispose d'ingénieurs, de cadres... exploite son pétrole lui-même, il reste encore néanmoins beaucoup d'étrangers : des français, des britanniques, des américains dans les sociétés.


    En été 74 l'Arabie Saoudite en accord avec l'Iran défend l'idée d'un prix unifié pour le brut et son indexation sur la hausse des prix manufacturés, déjà propriétaire de 60% des parts de l'ARAMCO, les saoudiens ont prendront bientôt le contrôle à 100% malgré la vive résistance des 4 sociétés américaines qui constituaient cette compagnie.


    Elles ont refusé autant qu'elles ont pu car cela signifiait une grave diminution de leurs profits.


    L'ARAMCO aujourd'hui est réellement dirigée par le gouvernement de l'Arabie Saoudite, et les compagnies n'ont plus rien à dire, c'est le gouvernement qui décide souverainement du développement des nouvelles capacités de production, et non plus le Conseil d'Administration de l'ARAMCO.


    Les anciens propriétaires de l'ARAMCO restent encore les propriétaires en titre de la compagnie mais ils n'en possèdent plus les avoirs, ils sont les propriétaires d'une coquille vide, d'une structure technique dont le capital pétrolier est à nous, nous n'avons gardé les 4 compagnies mères américaines que comme simples prestataires de services.


    Ce sont les techniciens d'Exxon, de Texaco, de Mobil et de Chevron ( ex Socal ) qui continuent à assurer les recherches, l'exploitation, le transport et toute la maintenance technique des installations, en échange de quoi, ces 4 compagnies bénéficient d'un traitement préférentiel pour leurs approvisionnements en pétrole.


    C'est nous les maîtres de l'ARAMCO, le Conseil d'Administration ne détient aucune autorité réelle, il n'est qu'un organe d'exécution, ce sont les saoudiens et eux seuls qui contrôlent à 100 % toutes les décisions.


    Tout ce qui touche à la production ou à la fixation des prix est souverainement déterminé par l'État, autrement dit décrété par le gouvernement du royaume d'Arabie Saoudite, toutefois étant donné que nous sommes des membres influents de l'OPEP nous nous referons très très prudemment à la situation du marché international, et nous nous servons de nos informations pour peser sur les décisions de l'OPEP.


    Il est indéniable que l'Arabie Saoudite est soumise à toute sorte de pressions politiques, les États-Unis exercent de telles pressions, les voisins arabes des saoudiens en exercent eux aussi, il en résulte que la politique menée par l'Arabie Saoudite est toujours un compromis entre ces diverses influences.


    L'ARAMCO est aujourd'hui 6 ou 7 fois plus puissante que avant sa nationalisation, nous en avons vraiment fait une société nationale, nous avons développé un potentiel humain, crée de nombreuses filiales se rattachant au pétrole, nous avons même crée une université de pétrole, tout ca nous a évidement pris beaucoup de temps, mais à présent notre objectif est presque entièrement atteint.


    L'université du pétrole de Dharan face au siège de l'ARAMCO symbolise la reprise en main des saoudiens de leurs industrie pétrolière, voyant toutes les activités touchant au pétrole, cet immense complexe qui n'a rien à envier aux universités américaines forme les ingénieurs arabes qui remplacent peu à peu les cadres américains de l'ARAMCO.

     


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