• 3/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    Le temps des batailles pour l'or noir

    Quatrième Quart ( 4 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=-3214916356618888657&hl=fr  

     

    Début :

    45 min

    Fin :

    60 min

      

    La Belgique s'effondrera le 28 mai, mais des le 13 les panzers (véhicules de combat blindés), font sauter le verrou de Sedan, déferlent vers la Somme puis la mer, organisés en divisions autonomes, les blindés allemands écrasent les chars français repartis en petites unités assujettis à l'infanterie.

     

    La Luftwaffe ( armée de l'air allemande ) écrase méthodiquement sous ses bombes toutes les installations pétrolières françaises au nord de la Loire, son premier objectif sera port Jérôme la plus grande raffinerie d'Europe pourtant filiale de la Standard Oil américaine.

     

    Les autres centres pétroliers subiront le même désastre, les hostilités de 1940 ont faillit coûter la vie à la Compagnie Française de Pétrole parce que ses usines  de  raffinage surtout celle de Normandie ont été détruites , incendiée, parce que on a brulé en juin 1940 tous les produits pétroliers, un nuage sur Paris qui a duré plusieurs jours et qui venait de là, et enfin aussi parce que les allemands ne se sont pas gênés pour démonter certaines unités de distillation qu'on retrouvera en Allemagne dans les années 1945, mais d'autre part, autre atteinte grave à la Compagnie Française de Pétrole, ça était la rupture de ses approvisionnements à partir du Moyen Orient, et parce que la France a été occupée, la CFP se trouvait sous une loi britannique qui met sous séquestre les biens qui sont sous le contrôle de l'ennemi, et les anglais n'ont pas hésité à considérer que la Compagnie Française de Pétrole était sous contrôle de l'ennemi.

     

    L'armistice à peine signée, le gouvernement britannique saisit les parts de la Compagnie Française de Pétrole dans l'Iraq Petroleum Company, et aussi celle de Gulbenkian refugié à l'extérieur, ainsi l'Iraq Petroleum passes en totalité aux mains des anglais, et il y restera jusqu'à 1948.

     

    Pour la CFP, c'était très grave parce que justement elle s'est vu prise au piège du fameux système des coopératives de production, une coopérative de production veut dire que on fait appel à vous à chaque fois qui il y a un coup à faire.

     

    En avril 1940, l'IPC avait pris la décision de doubler le fameux pipeline de l'Iraq, en conséquent la CFP doit  faire un apport de fonds, mais elle n'avait pas d'argent, elle avait souscrit un emprunt à une banque hollandaise en avril, et il est viré par prudence ( cet emprunt ) dans des banques américaines, le Directeur général de la compagnie, a été envoyé par le gouvernement français aux États-Unis et il est allé voir un Directeur de la Mobil qui était un grand ami de la France, lui demandant, cet argent était à nous, on le met  à votre disposition et à chaque fois qu'il y a un appel à fonds de l'IPC, pendant les hostilités, voulez vous souscrire pour notre part, c'est ce  qu'a fait très loyalement le monsieur , le Directeur de Mobil.

     

    À l'automne 1940, Hitler déclenche une série de raids terroristes contre l'Angleterre, restée seule face à l'Allemagne, les stocks du carburant du Reich lui interdisent une guerre longue, le renouvèlement sera de plus en plus aléatoire, Hitler doit au plus tôt venir à bout de l'Angleterre.

     

    Ses bombardements préparent en fait l'invasion des îles britanniques pratiquement sans défense, c'est au pétrole que les anglais vont confier la protection de leurs plages les plus menacées, ils les hérissent de rampes d'arrosage capables de cracher des jets de carburant enflammé et de dresser un mur de feu sur la mer.

     

    Le ravitaillement en pétrole est devenu de plus en plus difficile, il en arrivait fort peu d'Amérique, il venait surtout de la Roumanie, sur laquelle l'Italie possédait un certain contrôle, mais la Roumanie était l'objet des convoitises des allemands qui ont fini par accaparer son pétrole, une petite part a pourtant continué à nous arriver de l'Allemagne via Hambourg.

     

    Dés juin 1940, l'Allemagne a imposé à la Roumanie un gouvernement pro nazi, le roi Carol cède le pouvoir au Maréchal Antonescu, en novembre, la Roumanie s'allie aux forces de l'Axe, et son pétrole bat sous le contrôle des allemands, qui mettent ses puits à ses services.

     

    En février 1941 le Maréchal Rommel débarque en Libye pour secourir les armées italiennes mises en déroute par les anglais, en 2 mois l'Afrika Korps renverse la situation, reconquiert toute la Cyrénaïque, taillent en pièces les britanniques  et atteint la frontière égyptienne, le manque de carburant va briser cet élan irrésistible, avions et sous marins anglais, interdisent la méditerranée aux pétroliers de l'Axe.

     

    Le 22 juin 1941, après avoir écrasé la Grèce et la Yougoslavie, les armées du troisième Reich envahissent l'union soviétique sur un front de plus de 1000 km, en quelques semaines, elles bousculent les armées russes, conquièrent les pays Baltes, l'Ukraine, détruisent des centaines d'avions et de chars, capturent 200 000 prisonniers, mais elles se bloquent sur les verrous de Moscou et de Leningrad, ils ne passeront pas.

     

    Hitler modifie alors sa stratégie, conçoit un plan démesuré : une double attaque en tenaille dont les mâchoires se refermeront sur tout le Moyen Orient, après quoi les Indes tomberont comme fruit mûr, en URSS, la Wehrmacht (armée allemande) déjà maitre de l'Ukraine, foncera sur la Crimée, atteindra le Caucase et raflera les fabuleux champs de pétrole de Baku.

     

    Dans le même temps au Libye, Rommel qui déjà a repris la Cyrénaïque et pénètre en Égypte, marchera sur le Caire, où doit éclater un soulèvement nationaliste, et s'emparera de Port Saïd, clé du Canal de Suez et route des Indes.

     

    Ralliant les nations arabes, que le grand mufti de Jérusalem appelle déjà à la guerre sainte contre les anglais, protecteur des juifs, Rommel remontera à travers la Syrie, vers l'Iraq en pleine révolte contre les anglais.

     

    Au passage, la Wehrmacht occupera le fabuleux réservoir de pétrole de Mossoul.

     

    Protégé sur leur arrière par la Turquie, neutre, mais favorable à l'Axe, l'Afrika Korps et les armées du front Est font leurs jonctions en Iran, là Reza shah et 3000 agents nazis les attendent prêts à s'emparer par surprise des gisements de l'Anglo Iranian , groupés les 2 armées marcheront enfin sur l'Inde.

     

    Les japonais qui en décembre vont déferler sur le Pacifique et l'est asiatique prendront celle-ci à revers et feront leurs jonction avec la Wehrmacht.

     

    La moitié du monde sera dominée par les forces de l'Axe, la perte de tout son pétrole d'Iraq, d'Iran, de Birmanie, mettra l'Angleterre à genoux, coupée de toutes ses voies de ravitaillement par le sud, privée de ses gisements de Baku, l'URSS s'écoulera elle aussi.

     

    Ce plan grandiose sera à 2 doigts de réussir, au printemps 1942, Rommel n'est plus que à 100 km du Caire, sur le front de l'est, la Wehrmacht que rien ne semble plus pouvoir arrêter, est à 150 km de la caspienne, un double miracle va sauver le monde libre :

    1- À El Alamein, Montgomery brise l'élan de l'Afrika Korps puis le refoule à court de carburant.

    2- À Stalingrad, l'héroïque résistance de l'armée rouge cloue sur la Volga la rue allemande, encerclé, repoussé, la Wehrmacht recule, elle ne s'arrêtera plus.

     

    C'est un génial maitre espion le docteur Fritz Grobba que Hitler a confié la préparation de son plan dans les pays arabes dés avant la guerre.

     

    J'ai déjà rencontré le docteur Grobba au Moyen Orient, il était le chef des agents secrets nazis qu'il opérait, lui-même était un expert des questions pétrolières, il avait parfaitement réalisé que si l'Allemagne entrait en guerre contre les anglais, le plus sûr moyen de frapper ceux-ci au cœur est de les priver de leurs sources d'approvisionnement en pétrole au Moyen Orient, aussi dés avant la guerre, il sillonnait les pays orientaux, où il excitait le nationalisme arabe contre l'Angleterre, il s'était fait un ami fidele du mufti de Jérusalem qui était l'ennemi mortel des anglais et des français, il avait promis que les nazis chasseraient ceux-ci du Moyen Orient si lui-même se rangait du coté allemand.

     

    Le grand mufti se rallie à Hitler, chassé de Palestine, il se refugie en Allemagne, où il crée une unité de SS musulmans recrutés dans les Balkans, il proclame la guerre sainte contre les anglais et les juifs, pendant ce temps Grobba soulève des émeutes anti anglaise au Koweït , et des dans mutineries (révoltes) dans les troupes indigènes de Jordanie.

     

    Il s'avéra particulièrement redoutable en Iraq, où il persuada le leader nationaliste Rachid Ali (Al Gaylani), de s'allier avec les allemands, Rachid Ali leur promis des bases si tôt que ils entameraient leurs offensives vers l'orient.

     

    Au printemps 1941, Rachid Ali est porté au pouvoir par des officiers iraquiens pro nazis appuyés par les forces de Vichy en Syrie, il force l'Iraq Petroleum à lui fournir 4,5 millions de litres d'essence pour avions, Rachid Ali les destine pour les forces allemandes dont Grobba lui a promis l'arrivée pour le 10 mai, Avec leur appui, il chassera les anglais, mais le soulèvement éclate prématurément à Bagdad, les techniciens anglais de l'Iraq Petroleum Company trouvent refuge à l'ambassade américaine qui est mise en état de siège.

     

    Une brigade de l'armée des Indes, débarquent à Bassora, elle a mission de sauver les gisements pétroliers que les iraquiens ont occupé, pour stopper la marche des troupes anglaises sur Bagdad, Rachid Ali recourt à une ruse odieuse, il a dit à l'ambassadeur britannique : je ne veux pas que les femmes et les enfants anglais soient pris dans la bagarre, je ne veux pas de morts, je vous suggère de mettre femmes et enfants à l'abri, à habbaniyah où il se seront en sécurité, habbaniyah était un terrain de la Royal Air Force situé à environ 80 km de Bagdad, sitôt que les femmes et les enfants furent arrivés, l'armée iraquienne cerna le camps et Rachid annonça : à présent, ou bien vous acceptez mes conditions, ou bien je vais massacrer femmes et enfants, mais les assiégés se retranchent, refusent toute reddition et organisent la résistance avec l'appui de soldats circassiens chrétiens.

     

    L'artillerie iraquienne commença à les bombarder, les obus commencent à tomber sur le camps d' habbaniyah, détruisant ses installations et tuant beaucoup de monde, les assiégés ne pouvait riposter, jusque ce qui ils trouvent quelques vieux canons indiens datant de l'époque coloniale, et qui ornait l'entrée du quartier général, par radio, ils demandèrent que on leur envoi des Indes, d'antiques boulets de canon, des pilotes se portèrent volontaires pour les amener, sitôt les boulets livrées, les assiégés ouvraient le feu avec leur vieux canons, les iraquiens pris de panique, levèrent le siège, Rachid Ali appelle Grobba au secours, le 14 mai 1941 au milieu de la liasse populaire, celui-ci atterrit à Bagdad à la tête d'une troupe allemande, ils arrivèrent via Beyrouth et Damas, où les troupes françaises du gouvernement de Vichy avait mis des bases à leurs disposition, ils se posèrent sur l'aérodrome de Bagdad, mais du fait de la résistance des assiégés de habbaniyah, la situation se dégradèrent rapidement, ils redécollèrent presque aussi tôt et regagnèrent l'Allemagne.

     

    Fin mai 1941, la brigade anglaise qui avait débarqué à Bassora pour mater la révolte iraquienne marche sur Bagdad, l'occupe, délivre habbaniyah, les installations de l'Iraq Petroleum sont intacts, Rachid Ali comptait les nationaliser, la production y reprend aussitôt.

     

    Quand au leader nationaliste, il s'est enfui en Iran.

     

    Le 08 juin 1941, l'invasion puis l'occupation de la Syrie par les troupes anglaises appuyées d'éléments gaullistes, sanctionnera durement l'aide apportée aux avions allemands du docteur Grobba par les tenants du gouvernement de Vichy, ces événements pèseront terriblement lourd sur l'avenir de la Syrie en y favorisant l'éclosion d'un nationalisme qui forcera la France à quitter le Moyen Orient en 1946.

     


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  • 4/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    Le temps des premiers craquements

    Premier Quart ( 1 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=1922748009661857239&hl=fr

     

    Début :

    00 min

    Fin :

    15 min

     

    En été 1941, l'Iran sur lequel Reza shah règne plus despotiquement que jamais va subir le contre choc de l'attaque allemande contre l'URSS, la situation politique et économique de l'Iran durant les années 30 et juste avant la deuxième guerre mondiale, s'avérait particulièrement compliquée et délicate, Reza shah souhaitait développer l'économie de son pays trop précitément, il ne voulait pas être tributaire des prêts étrangers pour réaliser ses projets ambitieux, en conséquence il avait dû imposer à l'Iran un système de taxation, réellement oppressif,  et il entendait ne recourir que seules ressources de son pays, malheureusement pour lui, à part le pétrole les produits iraniens n'étaient guerre demandés en Europe, sauf peut être par les russes, partenaires commerciaux traditionnels de l'Iran, encore le shah souhaitait-il réduire la dépendance de son pays vis-à-vis de la Russie et s'efforcait-il de multiplier les échanges avec d'autres pays dont la France, la Grande Bretagne, le Danemark, celui-ci a tracé le chemin de fer trans-iranien, la Tchécoslovaquie et la Suède, pays auxquels le shah achetait de l'armement.

     

    Il avait noué des liens politiques tout à fait privilégiés avec l'Allemagne, qui astucieusement accordait à l'Iran des crédits particulièrement généreux, en conséquence l'Allemagne était devenue de très loin le partenaire commercial le plus important de l'Iran juste avant la seconde guerre mondiale.

     

    Il y avait une ruée pas simplement de Reza shah mais du peuple iranien envers des allemands, parce que dans le passé, ils ont souffert tellement de l'influence des anglais et des russes, que Reza shah voulait supprimer l'influence de ces 2 pays dans les affaires intérieures de l'Iran

     

     

    Les nazis en avaient profité pour y infiltrer une nuée d'agents en Iran comme coopérants, Reza shah refusa de les expulser quand Hitler attaqua l'union soviétique, or l'Iran restait l'unique voie reliant encore l'URSS à l'empire des indes.

     

    Les anglais soupçonnaient Reza shah de sympathie pour l'Allemagne et les russes étaient contre les agents à tendance anti communiste.

     

    Invoquant sa neutralité, Reza shah refuse tout transit par l'Iran de matériel de guerre destiné à l'URSS, le 25 aout 1941 en vertu d'un accord secret, les russes déferlent sur l'Iran par le nord tandis que les anglais débarquent à Abadan après avoir coulé sans sommation les iraniens défendant le port , les envahisseurs feront leur jonction à Téhéran.

     

    Les forces russes et britanniques ont envahi l'Iran en 1941 pour régler 2 problèmes essentiels : d'abord il était urgent d'éliminer les quelques 3000 agents allemands qui opéraient dans l'Iran, ensuite il n'était pas impossible du tout que avec l'accord des turcs, les forces allemandes qui fonçaient à travers le sud de la Russie, et atteignaient déjà le Caucase, finissent par menacer les champs de pétrole d'Iran, les agents nazis qui n'ont pu fuir en Turquie seront tous capturés et internés en Afrique du sud.

     

    Reza shah lui aussi sera déporté en Afrique du sud, et il mourra en 1942, après avoir été contraint d'abdiquer en faveur de son fils Mohamed Reza.

     

    En montant sur Téhéran, les troupes britanniques ont occupé en passage, toutes les installations pétrolières de l'Anglo Iranian Oil company préservées par les techniciens anglais, la production tombait à 6,5 millions de tonnes en 1941 reprend intensivement, elle tripla avant la fin de la guerre et les raffineries spécialisées dans le carburant pour avions sera même construites à Abadan, les anglais versent à l'Iran les redevances prévues, mais calculées selon les bases d'avant la guerre, ce qui suscitent la fureur croissante des iraniens.

     

    Le tumulte ( agitation ) du 2eme conflit mondial attendra même la lointaine péninsule arabe où à Bahreïn exceptée la production pétrolière est encore insignifiante, en octobre 1941 quatre bombardiers italiens attaquent de nuit les installations pétrolières anglaises de Bahreïn, il s'agit de prouver que aucun pays allié à l'Angleterre n'est à l'abri des représailles de l'Axe.

     

    Égaré l'un des avions, lâchent par erreur ses bombes sur les installations de l'ARAMCO en Arabie saoudite, les dégâts sont insignifiants mais l'effet psychologique est considérable.

     

    Ça a paniqué les américains qui travaillaient là, à tel point que ils ont immédiatement exigé que leurs femmes et leurs enfants soient évacués, ce raid a paniqué également les anglais et aussi les saoudiens, la production dans la région a été quasi totalement stoppée, les conséquences de ce raid italien, ont été particulièrement importantes en ce qui concerne le roi Ibn Saoud d'Arabie saoudite, celui-ci avait acquis des habitations dispendieuses, il aimait les femmes, il vivait au milieu d'un luxe fastueux, qu'il pouvait s'offrir grâce aux redevances que l'ARAMCO lui versait pour son pétrole.

     

    C'était même pratiquement sa seule source de revenus, si l'on excepte le tribut que lui payaient les pèlerins venants à la Mecque, mais la guerre avait considérablement réduit le nombre des pèlerins, faute de possibilités de voyager, et le roi n'avait autre source de revenus que le pétrole.

     

    Quand sa production pétrolière tomba à zéro en Arabie saoudite, l'ARAMCO a refusé de continuer à payer Ibn Saoud.

     

    Notre production pendant la guerre ne représentait plus guerre que 1000 à 1200 barils par jour, pour le roi, c'était la ruine, il exigea alors que on lui prête de l'argent, et la Texaco comme la Standard Oil de la Californie se débrouillèrent pour lui obtenir ces prêts.

     

    Le 11 décembre 1941, éclate le coup de tonnerre de Pearl Harbour, sans déclaration de guerre, les japonais anéantissent en quelques heures, la plus grande base aéronavale américaine du pacifique, le président Roosevelt, déclare la guerre à l'Allemagne et à l'Italie, le conflit devient planétaire, les besoins en carburant des centaines de milliers d'engins qui s'affrontent sur tout le théâtre d'opérations vont s'accroitre monstrueusement.

     

    Jusqu'au là et malgré l'embargo décrété par Roosevelt, le troisième Reich même après l'invasion de l'URSS, a continué à être ravitaillé en pétrole américain et mexicain, par la compagnie américaine Texaco, dont le manager Torkild Rieber est un inconditionnel de Hitler.

     

    Torkild Rieber était une sorte de pirate, qui considérait que blocus et embargo ne le concernait d'aucune façon, et il lui était très simple d'envoyer officiellement ses tankers vers tel ou tel pays puis dans l'atlantique de modifier leur destination, et de les envoyer dans les ports nazis pour ravitailler Hitler.

     

    C'est via les ports de pays neutre que comme l'Espagne ou la Suède, que Torkild Rieber achemine des flots d'essence destinée à la Luftwaffe, pour camoufler ses profits inavouables des autorités américaines, il troque son carburant entre trois pétroliers allemands ancrés à Hambourg.

     

    Rieber revendiquait le droit de vendre librement son pétrole sur n'importe quel marché et à n'importe quel pays, il défiait ouvertement la politique du président Roosevelt, du fait de ces ventes fructueuses du carburant à Hitler, il était convaincu de l'excellence du système nazi, aussi s'interposa t-il pour tenter de rétablir les contacts entre Roosevelt et Hitler.

     

    Il héberge Girard xxx avocat et espion nazi au Chrysler building siège du Texaco à New York, lui procure des fonds et maintes informations sur l'industrie de guerre américaine.

     

    Lui-même s'est proposé comme médiateur entre Roosevelt et Hitler, bien entendu, Roosevelt a refusé et après de violents accrochages a fait placé sous contrôle les activités de Rieber.

     

    Leurs révélations par la presse américaine, provoqua la chute en bourse des actions de Texaco et forcera Rieber à démissionner.

     

    L'entrée en guerre des États-Unis tarit brutalement les sources de pétrole des pays de l'axe dans le nouveau monde, ce sont les puits roumains étroitement protégés par la Luftwaffe qui leurs fournissent désormais le plus clair de leur carburant, mais même poussée au maximum, la production est insuffisante, aussi l'Europe hitlérienne se hérisse-t-elle de nombreuses usines de carburant synthétique principalement extrait du charbon.

     

    Quand à l'État italien, il avait confisqué tous les réseaux de distribution, de production et de raffinage des compagnies pétrolières américaines et anglaises, il avait chargé l'AGIP de gérer ces installations, cette mission valut à l'AGIP le violent ressentiment des américains qui l'avait fait payer durement après la guerre.

     

    En Extrême Orient les japonais se sont emparés de tous les gisements de Birmanie et d'Indonésie.

     

    Début 1942, ils occupent l'entièreté du littoral chinois, coupant les armés de Chiang Kai Shek de tout accès à la mer, en coupant la fameuse route de Birmanie, ils achèvent d'isoler totalement la Chine du monde extérieur, la situation des armées chinoises est désespérée, les américains vont alors établir leurs premier et le plus long pont aérien de l'histoire, pendant un an, par tous les temps, les tigres volants du général Chennault survoleront le Himalaya ravitaillant les chinois en essence, il faut bruler 10 litres de carburant pour en ramener un seul à bon port.

     

    Il y avait de l'essence disponible à Bahreïn et les forces américaines plutôt de ravitailler à Abadan à la British Petroleum, préférait acheter du pétrole à une compagnie américaine à Bahreïn, dés le temps de la guerre, le comité Truman ouvrit une enquête sur le prix prohibitif  d'un (1) dollar le baril payé par la Navy, cette enquête fût poursuivi par le sénateur du Maine, mais elle n'aboutit à rien, on ne pu prouver que il avait eu une tromperie sur les prix.

     

    En Russie en l'été 1942, la Wehrmacht a repris sa marche fulgurante toujours plus à l'est,  les chars allemands foncent désespérément vers les champs du pétrole du Caucase, devenu leur objectif essentiel, mais c'est en vain qu'ils remportent victoire après victoire, raflent les prisonniers par centaines de milliers, à l'automne quand enfin les Panzers touchent au but, tous les puits en pétrole sont en feu, les russes les incendient à mesure qu'ils retraitent, les allemands ne conquièrent que des brasiers qui ne s'éteindront qu'une fois tarés, les flots de pétrole qui inondent le sol, ne profiteront que à quelques paysans russes.

     

    De leur coté, les allemands savent combien est vital l'acheminement du carburant nécessaire aux armées alliées, leur sous-marins font une chasse sans merci aux tankers dans l'atlantique, en 1939, le Reich alignait 60 submersibles, en 5 ans, il en mettra 1113 en service, 603 seront coulés, 123 détruits au mouillage (lieu abrité du vent et des vagues le long de la côte dans lequel un bateau peut s'arrêter en sécurité ) , mais ils couleront 23 300 000 tonnes de navires dont plus du tiers rien que 1942, la BP  perdra la moitié de sa flotte pétrolière, et c'est seulement fin 1943 grâce aux capacités prodigieuses des chantiers navals américains, que le tonnage construit excédera le tonnage coulé, et grâce aux sonars et aux portes avions et aux convois, les alliés gagneront enfin la bataille de l'atlantique.

     

    Dans ce monde à feu et à sang, le roi d'Arabie saoudite, lui ne songe qu'à son or.  Il n'y avait presque aucune production de pétrole en Arabie saoudite, mais le roi dans les besoins d'argent ne cessent de croitre en exigeait toujours d'avantage, et l'ARAMCO était réellement incapable de faire face à ses demandes pour la simple raison qu'elle-même ne gagnait plus rien.


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  • 4/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    Le temps des premiers craquements du pétrole

    Deuxième Quart ( 2 / 4)

     

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    Début :

    15 min

    Fin :

    30 min

     

     

    Les britanniques réalisaient les premiers à quel point il était indispensable de garder les saoudiens et Ibn Saoud dans le camp allié jusqu'à la fin de la guerre, Churchill fait pression sur Roosevelt pour que l'Arabie Saoudite bien que elle ne prenne aucune part à la guerre, puisse bénéficier du plan Prêt-Bail.

     

    Le gouvernement des États-Unis commençait à redouter une éventuelle pénurie de pétrole, il ne voulait pas que la Grande Bretagne puisse prendre après la guerre le contrôle d'une part importante des gisements du Moyen Orient, aussi se laissait il convaincre par les compagnies américaines intéressées, de venir en aide à l'Arabie Saoudite.

     

    Le gouvernement britannique donna une partie des subsides,  le gouvernement des États-Unis donna le reste, l'ARAMCO avait attiré l'attention du département d'État, sur la richesse probable de l'Arabie saoudite en pétrole, en 1943 un célèbre géologue américain signala qu'il y  existait de fabuleuses réserves : 20 milliards de barils environ.

     

    L'ARAMCO fût une excellente affaire, jusqu'à la fin de la guerre, c'est le gouvernement des États-Unis qui paya à sa place, les redevances exigées par Ibn Saoud, en contre partie, l'administration fédérale américaine escomptait bien obtenir dans l'ARAMCO, une participation analogue à celle que le gouvernement anglais possédait dans l'Anglo Iranian Oil Company, c'était devenu l'obsession du secrétaire d'État Ickes,

     

    En 1944 en effet les réserves pétrolières des États-Unis donnaient des signes d'épuisement, elles avaient fourni l'essentiel des approvisionnements de guerre, et Ickes en était conscient.

     

    Sacrifiant un peu le plaisir de conduire ou de nous chauffer au profit du pays, économisons le pétrole pour nos navires de guerre, en coopérant nous en épargnerons des quantités appréciables tant pour notre défense nationale que pour nos porte-monnaie, Ickes estimait sincèrement que quelque chose de si essentiel que le pétrole devait être totalement gérée par le gouvernement, il fait tout pour que le gouvernement prenne le contrôle absolu de toute la situation, il créa un office des réserves pétrolières, qui avait mission d'acquérir des parts de concession pour le compte du gouvernement des États-Unis.

     

    Monsieur Ickes s'était particulièrement désireux de prendre un contrôle sur les gisements du Moyen Orient, ils étaient vitaux pour les États-Unis, et Ickes ne faisait pas confiance aux compagnies pétrolières pour faire passer l'intérêt national avant leurs propres intérêts.

     

    Il proposa au gouvernement un accord avec les britanniques, les 2 gouvernements décideraient en commun où explorer, et fixeraient ensemble un tas de choses notamment les prêts, en fait son plan était de s'emparer d'une partie de l'ARAMCO, pour en faire une réserve pétrolière, pour le gouvernement des États-Unis.

     

    Bien que elle n'est sauvé ses concessions en Arabie saoudite que grâce aux fonds du gouvernement américain, l'ARAMCO refuse cyniquement à Ickes toute participation fédérale dans son capital.

     

    Il a échoué du fait de la répulsion des américains pour toute immixtion de l'État dans leurs affaires, et à cause de la puissance des compagnies pétrolières qui disposaient d'énormes appuis politiques, au Congrès en effet un lobby pétrolier mené par le sénateur Sam Rayburn, et par le futur président Lyndon Johnson, torpille tout projet de contrôle de l'État sur l'ARAMCO.

     

    Toutes les sociétés pétrolières ont fait bloc contre la menace pesant sur  xxx fondamentalement, elles n'ont jamais toléré d'avoir l'État pour partenaire, le plan d'Ickes n'avait aucune chance d'aboutir, compte tenu de l'état d'esprit de l'opinion américaine, sitôt la guerre finie, les compagnies pétrolières ont repris l'entier contrôle de leurs activités, et avec leurs alliés de Washington, ils ont fait échouer définitivement le projet d'Ickes et du gouvernement fédéral, qui en réalité n'était que une forme déguisée de nationalisation des réserves de pétrole, et celles-ci sont retombées sous l'unique contrôle des sept sœurs.

     

    Loin de ces intrigues américaines, la guerre continue à faire rage en Europe, début 1943, les puits roumains de Ploieşti, seule source importante de pétrole dont dispose encore le troisième Reich, sont enfin à porté des nouveaux bombardiers lourds alliés, le premier août, parti de Libye, 177 Liberators américains pilonnent Ploieşti, 54 avions ne reviendront pas.

     

    Le 05, le 15, le 24 avril 1944 3 nouveaux raids menés conjointement par RAF ( Royal Air Force ) et l'USSAF ( US Air Force) achèvent le travail au prix de pertes effroyables, 3000 navigants et 300 bombardiers perdus, mais la production des puits de Ploieşti chute des 3/4, Et 30 % des réserves totales de carburant du Reich sont anéanties.

     

    En 1944 un premier gisement de gaz naturel a été découvert en Italie, l'Italie était coupé en 2, et la guerre touchait à sa fin, les géologues qui avaient fait la prospection, ont renfermé le puits sans en parler à personne, en craignant que le gisement soit confisqué par les allemands ou bombardés par les américains, ils ont préféré stopper les forages, ne rien dire, et consigner les résultats obtenus dans un rapport secret.

     

    Printemps 1944, durant 2 mois on procède au débarquement, des milliers d'avions alliés écrasent méthodiquement dépôts de carburant et lignes de communication de la Wehrmacht en France, tandis que la résistance sabotent les voies ferrées et plus de 800 ponts et ouvrages d'armes,  la marée d'engins qui déferlent le 6 juin sur les plages normandes débordent de  XXX d'essence, dont il faut éviter d'encombrer les navires de débarquement.

     

    Ce sera le but de l'opération Pluto (Pipe-Line Under The Océan), dés les premières heures, des pipelines souples en plomb, mouillés à la façon des câbles sous-marins, amèneront un flux ininterrompu de carburant à travers la Manche.

     

    Sitôt les premiers ports conquis, d'énormes tambours flottants tirés par des remorqueurs dévideront depuis les côtes anglaises des oléoducs d'acier flexible long de 120 km, les premiers relieront l'Île de Wight à Cherbourg, mais bientôt 22 pipelines ( 6 aboutissant à Cherbourg et 16 à Boulogne )   débiteront chaque jour 5 millions de litres d'essence, sur la côte anglaise le quartier général de l'opération Pluto régule les stations de pompage installées à Dungeness et camouflées en paisibles cottages.

     

    En territoire reconquis, les pipelines suivront jour par jour l'offensive alliée, s'allongeront jusqu'en Belgique, en Hollande, en Allemagne, économisant l'emploi de milliers de camions citernes sur des itinéraires de plus en plus démesurément étirés.

     

    L'Allemagne elle est à bout de carburant, elle va bruler ses ultimes réserves dans la contre offensive désespérée que le maréchal Von Rundstedt lance à travers les Ardennes en décembre 1944, profitant du brouillard qui cloue au sol les avions des alliés, son premier objectif est Anvers, le grand port belge intact, regorge d'essence, Von Rundstedt sera prés de réussir sa percée , ses panzers réservoirs à sec, seront stoppés sur la Muse, à quelques kilomètres d'un énorme dépôt d'essence américain, la résistance  de Bastogne , le retour du ciel clair,  cèleront le sort de son offensive.

     

    Le troisième Reich agonise, à l'est les divisions blindés soviétiques foncent à travers son territoire, une noria de trains de carburant suit les ruées victorieuses, l'essence vient des puits russes, mais aussi d'Iran, et même des États-Unis, via le port d'arc Angelsk, le premier mai 1945 Berlin tombe, l'Allemagne capitule.

     

    3 mois plus tard, les bombes nucléaires de Hiroshima et Nagasaki sonnent le glas du Japon, dans tous les pays libérés, l'industrie pétrolière est pratiquement anéantie, soit du fait des bombardements, soit du fait des destructions ou des démantèlements opérés par les occupants avant leurs retraites, dès avant la fin des hostilités, la course à l'or noir a repris.

     

    L'une des premières, la Royal Dutch Shell réussira à remettre en activité ses installations pétrolières en Indonésie, laissées en ruines par les japonais.

     

    Avant même la fin du conflit du 04 février 1945, les chefs des trois grandes puissances alliées ont tenu à Yalta en Crimée un sommet où s'est joué le sort du monde.

     

    Assisté de leurs ministres, MolotovEden et Stettinius, Winston Churchill pour l'Angleterre, Roosevelt président des États-Unis, et Staline pour L'union Soviétique, se sont souverainement redistribué les cartes, derrière les problèmes politiques, de gigantesques intérêts économiques sont en jeu, la puissance est désormais à qui contrôle les sources de l'énergie : le pétrole surtout, et Roosevelt le sait mieux que personne.

     

    Les lobbies pétroliers ont développés à Washington un intérêt pour l'Arabie Saoudite, en sorte qu'après la conférence de Yalta en février 1945, le président Roosevelt, charge son agent diplomatique à Djeddah d'organiser une rencontre entre lui-même et le roi Abdelaziz.

     

    Le président Roosevelt qui rentrait de Yalta sur un cuirassé, avait arrêté ce cuirassé sur un lac de canal de suez et avait envoyé un torpilleur le Murphy pour prendre le roi Abdelaziz, qui est monté à bord avec une suite de quarante personnes très colorées, avec 8 chèvres, et on eu beaucoup de difficultés pour lui expliquer que il était impensable de mettre un harem sur un bâtiment de guerre américain.

     

    Le roi Abdelaziz qui régnait depuis 1901, n'avait jamais en 40 ans quitté son territoire, le premier contact est assez amusant, le président Roosevelt dit au roi Abdelaziz, que puis-je pour vous ? Le roi Abdelaziz lui répond : mais si vous m'avez demandé de venir, c'est que moi qui puis quelque chose pour vous, que ce que vous attendiez de moi ? les deux hommes s'entendent bien sauf au moment où on arrive à parler de la Palestine, Roosevelt explique au roi que les juifs ont souffert des persécutions des nazis et que il y a des devoirs à leurs égards, mais Abdelaziz dit : mais vous avez parfaitement raison, il faut leur donner une partie de l'Allemagne pour faire leur pays, pourquoi les mettre en Palestine ?

     

    Les échanges de vues restent sans conclusion, sauf la promesse que Roosevelt fera à Abdelaziz : les États-Unis ne prendront aucune décision concernant la Palestine sans parler avec vous, 2 mois après, le président Roosevelt meurt, le président Truman est élu, et Truman abandonne les promesses faites au roi Abdelaziz, en disant : les arabes ne votent pas, les juifs votent, je vais prendre une position en conséquence, dans la mentalité des bédouins, une promesse verbale est très importante, et le roi Abdelaziz en a tiré des conclusions sur la loyauté des négociations, et ce fut la première grande crise de confiance entre les États-Unis et l'Arabie Saoudite.

     

    La fondation de l'État d'Israël a crée un nouveau problème, le gouvernement américain s'est engagé politiquement à soutenir Israël, et ce à un moment où déjà de graves frictions se produisaient entre arabes et israéliens.

     

    Après la guerre, et contrairement à toutes les prévisions des experts, la demande mondiale du pétrole a grimpé en flèche, et le prix du brut a suivi jusqu'à atteindre environ 1,25 dollar le baril, du coup les bénéfices des compagnies pétrolières sont devenus énormes parce que le prix de revient du brut à la production, lui est resté très bas, cette folle croissance de la  consommation pétrolière tient à de multiples causes :

    - La vente et la production automobile ont redémarrées crevant toutes les plafonds.

    - L'agriculture se motorise sur une grande échelle.

    - Mais surtout le pétrole n'est pas uniquement un carburant, on en tire des matières synthétiques, des tissus, du plastique né de la guerre, et dont l'emploi bouleverse complètement la vie quotidienne, déculpe l'essor de l'électro ménager.

    L'industrie lourde, elle aussi en pleine croissance, brule de plus en plus de fioul, comme les centrales électriques qui l'alimente, sans parler des transports.

    Or cette vertigineuse augmentation des besoins mondiaux en pétrole, coïncide aux États-Unis avec une chute de la production américaine, laquelle a engendré une grave pénurie de carburant, le gouvernement tente d'y remédier, en renforçant le contrôle des prix et de la production instauré durant la guerre.

     

    Dans ce pays, il y avait perpétuellement des batailles entre les partisans du Laisser-Faire, et les gens de l'administration qui voulaient tout contrôler.

     

    Dès 1944, le secrétaire d'État Ickes plus que jamais hanté par l'obsession de constituer des réserves stratégiques de pétrole, pour couvrir les besoins futurs des États-Unis, lance une nouvelle offensive en direction de l'ARAMCO.


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  • 4/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    Le temps des premiers craquements du pétrole

    Troisième Quart ( 3 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=1922748009661857239&hl=fr

     

    Début :

    30 min

    Fin :

    45 min

     

    Le gouvernement américain était si anxieux d'obtenir une participation dans les gisements de l'ARAMACO en Arabie Saoudite, que le secrétaire d'État Ickes fit cette offre aux 2 sociétés qui constituaient l'ARAMCO, elles avaient besoin d'un pipeline pour acheminer leurs pétrole à travers le désert de l‘Arabie Saoudite à la méditerranée, où il pourra être embarqué à destination des États-Unis, elles étaient incapables de se payer ce pipeline baptisé le Tapline, Ickes leur proposa de persuader le gouvernement américain d'en financer totalement la construction, à condition que on échange, le gouvernement fédéral reçoit une part du capital et de profit de l'ARAMCO, mais les 2 sociétés mères américaines refusèrent net sachant que un tel marché impliquait une inévitable prise de contrôle du gouvernement sur leurs affaires.

     

    La richesse des gisements du Moyen Orient se confirmait, et ces 2 compagnies tenaient à les garder pour elles seules.

     

    Trop pressé, Ickes a prélevé l'acier des tubes de la Tapline sur les stocks de guerre, en dépit de son échec, il l'attribuera tout de même à Texaco et à la standard de la Californie, sociétés mères de l'ARAMCO, excellente affaire pour celles-ci, mais qui ne résout pas leurs souci financier.

     

    Elles avaient découvert dans le Hassa, province orientale d'Arabie Saoudite, d'immenses gisements, qui comme vous le savez débite encore à outrance, seulement la mariée était trop belle, que faire de tout ce pétrole, et par où le commercialiser ? Elles ont alors proposé à 2 autres sociétés américaines, Mobil et Standard Oil of New Jersey, d'entrer dans l'ARAMCO.

     

    Le contrat est conclu, et aussitôt attaqué par les anglais, les 2 nouveaux associés n'avaient pas le droit de s'engager, ils ont violé l'accord de la ligne rouge qu'ils ont signé jadis, ce fameux accord de la ligne rouge remonte à la fondation de l'Iraq Petroleum en 1928, Mobil et Standard Oil of New Jersey l'ont bien et bel signé, et cet accord les obligent à partager avec les autres membres de l'Iraq Petroleum toute nouvelle acquisition pétrolière située dans les limites de l'ancien empire turc, c'est le cas de l'Arabie Saoudite, pour être libre d'enter seul dans l'ARAMCO, Mobil et Standard Oil of New Jersey n'ont plus que une ressource : obtenir l'abrogation de l'accord de la ligne rouge de leurs autres partenaires : l'Anglo Iranian, la Royal Dutch Shell, la Compagnie Française du Pétrole et Gulbenkian.

     

    Or ces 2 derniers sont pratiquement hors course, la guerre a détruit à 90% le potentiel pétrolier de la CFP , et surtout les  25% que la CFP possédait dans l'Iraq Petroleum ont été confisqué par les anglais comme biens ennemis en juin 1940, les 5 % de Gulbenkian ont subi le même sort, la CFP et l'arménien se battent en justice pour récupérer leurs parts, mais l'ARAMCO et ses 2 nouveaux associés américains comptent en profiter pour les forcer à accepter aisément l'annulation de l'accord de la ligne rouge.

     

    Ils se sont dit , la CFP  est KO puisque elle était occupée et c'est une petite société qui ne remontera jamais sur la scène, quand aux autres partenaires de l'IPC, on va les désintéresser , pour l'Anglo Iranian on va lui construire un pipeline entre Abadan et la méditerranée, pour la Royal Dutch Shell, toujours à court de pétrole, on lui mettra du brut dans de très bonnes conditions, alors tout le monde semble être très heureux de toutes ces combinaisons, sauf la CFP bien entendu que on avait oublié de prévenir, et c'est par désindiscrétion que nos dirigeants ont appris ça en 1948, .....et qui avait également visé Gulbenkian du fait que il se trouvait à vichy durant une partie de la guerre.

     

    Allié, la CFP et Gulbenkian finissent par obtenir restitution de leurs parts dans l'Iraq Petroleum, après une série de procès devant les tribunaux internationaux.

     

    Sitôt leur situation rétablie, ils exigent le strict respect de l'accord de la ligne rouge, et attaquent tous leurs partenaires défaillants dans l'Iraq Petroleum y compris la Shell et l'Anglo Iranian devant la cour de justice de Londres.

     

     

    Mobil et la Standard Oil of New Jersey risquent de payer très cher leurs entrée dans l'ARAMCO, comme la Shell et l'Anglo Iranian qui ont indument consentis, mais une fois de plus Gulbenkian va révéler ses dons exceptionnels de médiateur, il a convoqué les représentants de toutes les compagnies pétrolières concernées, à son hôtel à Lisbonne, et les a menacé de poursuivre son procès qui risquait de leur coûter très cher, s'ils ne respectaient pas l'accord de la ligne rouge, sachant que il avait toutes les chances de le gagner, ses adversaires lui ont proposé de tel compensations que Gulbenkian et la CFP ont consentis à annuler leur action.

     

    Ces deux compensations ça était d'augmenter la production de l'Iraq grâce à la pause de nouvelle canalisation de 30 pouces qui cette fois aboutissait à habbaniyah, c'est un port syrien, et d'autre part un système de programmation qui permettait à chaque partenaire d'obtenir autant de brut qu'il le voulait, ce qui va permettre à la CFP de partir d'une production iraquienne de 6 à 7 ou 8 millions de tonnes jusqu'à 25 millions, et par conséquent la CFP recevra énormément de pétrole.

     

    Quand à  Gulbenkian il a sauvegardé ses 5% des parts ce qui lui permettra d'encaisser au minimum 28 millions de dollars par an, à partir de ce moment là, à 2h00 du matin à quelques heures seulement de l'ouverture du procès prévu devant la cour de Londres, un accord définitif est signé, le traité de la ligne rouge est abrogé, les deux nouvelles compagnies américaines vont participer à la construction du pipeline.

     

    Depuis janvier, l'ARAMCO a entamé la construction de la Tapline, le transarabien pipeline, il a fallu 2 ans pour en établir les plans, acheminer le matériel, terminer les préparatifs, à l'époque c'est à la fois le plus grand  oléoduc et le projet privé le plus cher du monde, il faudra 2 ans et l'emploi de techniques révolutionnaires pour assembler les 1700 km de tubes qui relient les gisements saoudiens à Saïda sur la côte du Liban.

     

    L'oléoduc raccourci de 5800 km l'acheminement du pétrole saoudien et fait économiser 75 millions de dollars par an à l'ARAMCO, mis en service fin 1950, l'énorme tube de 75 cm de diamètre débite 325 000 barils par jour, en mai 1954, la production de l'ARAMCO dépassera le million de baril quotidien, 45 fois ce que elle était 10 ans plus tôt.

     

    Entre temps, l'exploitation pétrolière a aussi commencé au Koweït, où la Gulf et l'Anglo Iranian possèdent alors les concessions les plus importantes.

     

    Les opérations n'ont réellement commencé qu'en 1946, alors que la guerre était pourtant finie depuis 2 ans, mais il fallut un peu prés ces 2 ans, pour forer les premiers puits rentables, installer des pipelines, et trouver des débouchés intéressants pour la production pétrolière, dès l'époque de la première découverte du brut et de son exportation , notre émir actuel, sa grandeur le Sheikh Jabir,  s'est lui-même chargé de traiter avec les compagnies pétrolières, et de créer les installations qui leur étaient nécessaires.

     

    Des concessions ont été accordées aux grandes compagnies pétrolières pour une durée de 199 ans au Kuwait, les bénéfices financiers de l'exploitation revenaient presque entièrement à ces sociétés étrangères, les royalties nous revenant étaient payées à la tonne, et j'ai découvert qu'elles représentaient alors un shilling par tonne de brut produit au Kuwait.

     

    C'était des compagnies pétrolières qui imposaient leurs conditions, pourquoi ? Parce que on était dans un marché d'acheteurs, dans un marché  où les quantités de pétrole déversé sur ce marché était plus grande que les quantités dont le marché avait besoin, et c'était les acheteurs qui déterminaient les prix.

     

    Aussi en 1950, le gouvernement du Koweït se dota d'un  ministère des affaires pétrolières, qui mit en vigueur des plans pour l'emploi et la formation des citoyens Koweïtis et ressortissants arabes en général, il fût clairement comprendre aux compagnies étrangères qu'elles étaient là uniquement pour assurer un travail technique, en tant que société industrielle, et que elles n'avaient pas à interférer dans la politique locale.

     

    Dans maintes pays producteurs du pétrole, on laissait le soin aux compagnies pétrolières de construire les routes, les centrales électriques et tout le reste, au Koweït, c'est le gouvernement qui d'emblée a pris en charge toutes ces activités, tout ce qui touchait au développement du pays et du peuple a été géré très rigoureusement par l'émir et le ministère des affaires pétroliers.

     

    Le Sheikh Ahmed El Jabir va prendre aussi ses distances avec les grandes compagnies dans le sud du pays, en 1932 pour éviter des frictions à propos de frontières très imprécises, les anglais ont crée une zone tampon entre le Koweït et l'Arabie Saoudite, après guerre cette zone sera administrée conjointement par les 2 pays, qui s'en partagent les revenus pétroliers moitié moitié.

     

    En 1948, obligée de se restructurer pour accueillir Mobil et la Standard Oil Company of New Jersey ses nouveaux membres,  l'ARAMCO renonce à ses droits sur la zone neutre.

     

    Un pétrolier américain indépendant génial,  Paul Getty dont le père a fait jadis fortune dans l'Oklahoma, profite aussitôt de cette situation, jusque là il n'a pu prendre pied dans les pays arabes, chasse gardée de l'ARAMCO et de l'Iraq Petroleum.

     

    Je suis intelligent, j'aime réfléchir, bien sûr je connais d'autres gens aussi et même plus intelligents que moi, j'ai de l'imagination, j'aime réfléchir, cela dit, j'ai des amis qui ont autant d'imagination, sinon plus, pour le reste ça m'ennuie de penser que ma compagnie ...

     

    ... Paul Getty a réalisé que les sept sœurs s'étaient comporté très imprudemment dans leurs relations avec les États arabes, il s'est rendu compte, qu'il lui était possible de s'introduire dans les pays du golf et d'y proposer des arrangements beaucoup plus attractifs,  cette habilité à s'entendre directement avec les pays producteurs, et à leur faire accepter ses propres contrats a permis à Getty de s'infiltrer sur le marché arabe.

     

    Il a contacté à la fois les koweïtis et les saoudiens, et leur a proposé des accords qui ont mis en fureur les grandes compagnies du cartel des sept sœurs, au lieu des 20% des redevances que ces compagnies payaient aux koweïtis et aux saoudiens, il a offert à ceux-ci, 55% de royalties, si ils lui accordaient une concession, les uns et les autres ont accepté, c'est ainsi que Getty a pu acquérir ses propres gisements dans la zone neutre qu'il a baptisé Getty ville un peu plus tard.

     

    Pour faire face à ses engagements financiers vis-à-vis des arabes, Paul Getty est forcé de s'associer avec une autre compagnie américaine indépendante : l'Aminoil, ceci ne l'empêchera pas de devenir rapidement l'un des hommes les plus riches du monde.

     

    Pour avoir ainsi réussi, je suppose que vous avez le tempérament d'un joueur ?

    je n'ai jamais perdu le temps à prendre des paris imbéciles, c'est déjà assez difficile de prendre des risques intelligemment calculés, quand les dés sont contre vous, je ne vois pas l'intérêt.

     

    Et si vous jouez ? J'achèterais un casino,

     

    Dans la brèche ouverte par Getty et surenchérissant sur ses offres, les japonais à leurs tour obtiendront des concessions en zone neutre.

     

    Les japonais sont arrivés dans les années 50, une mission à négocier avec le gouvernement koweitien, une autre négociée séparément avec l'Arabie Saoudite, mais il s'agissait d'une seule et même opération, en final les japonais ont pu réunir en une seule les concessions obtenues séparément du Koweït et des saoudiens.

     

    Les conditions exceptionnels consenties à Ibn Saoud par Paul Getty et par les japonais vont mettre l'ARAMCO en fâcheuse posture vis-à-vis du roi, toujours à court d'argent, bien que il fut alors un très vieil homme, le roi Ibn Saoud d'Arabie Saoudite entretenait des passions de plus en plus coûteuses, il lui fallait de plus en plus de femmes, de plus en plus de luxe, de plus en plus d'argent, il possède des dizaines de voitures, spécialement construites pour lui, tel cette luxueuse Talbot accessoire d'or, muni d'un lavabo a eau courante, chaude et froide, d'un réfrigérateur, de la radio et du téléphone, d'un siège transformable en couchette et qui pivote, se hausse et s'abaisse électriquement.

     

    Le roi Ibn Saoud trouve dérisoire les 20 % de redevance que lui paye l'ARAMCO, comparée au 55%  que lui accorde Getty et les japonais, il s'estime gravement spolié.


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  • 4/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    Le temps des premiers craquements du pétrole

    Quatrième Quart ( 4 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=1922748009661857239&hl=fr

     

    Début :

    45 min

    Fin :

    60 min

     

    Les redevances payées à son gouvernement s'étaient dévalorisées, elles ne représentaient plus que 5% des profits de l'ARAMCO, rien d'étonnant que les saoudiens, se soient montrés mecontents de partage apparemment aussi malhonnête des profits.

     

    De plus Ibn Saoud reste ulcéré de n'avoir été consulté ni sur la construction de la Tapline, ni sur l'entrée de Mobil et d'Esso New Jersey dans l'ARAMCO, le roi exige donc que le trust américain s'aligne sur Getty et lui verse désormais 55% de ces bénéfices, et réclame immédiatement 50 millions de dollars.

     

    Le gouvernement américain  pressait l'ARAMCO de payer d'avantage aux saoudiens qui tenaient à sortir de leur terrible embarras financier.

     

    De son coté, l'ARAMCO s'affirmait dans l'impossibilité de faire face à pareils exigences, elle trouva alors une solution très astucieuse, un expert fiscal de l'ARAMCO, envoyé des États-Unis persuada les autorités saoudiennes de remplacer les royalties qu'elles recevaient de l'ARAMCO par une taxe du même montant, ceci permettra à l'ARAMCO de se plaindre hypocritement auprès du gouvernement des États-Unis, qu'elle payait désormais 50% d'impôt sur ces profits aux saoudiens.

     

    Les impôts versés à un gouvernement étranger étaient à cette époque entièrement déductibles de ceux qui étaient dû aux États-Unis, c'était une simple exonération fiscale mais qui permit aux compagnies pétrolières américaines au Moyen Orient, de payer beaucoup moins d'impôt aux États-Unis, quand au gouvernement américain, il procurait ainsi aux arabes les fonds que ils demandaient par le canal des compagnies pétrolières, cette astuce fiscale était une aide financière déguisée, mais les sociétés pétrolières y gagnèrent gros, tout cela a abouti à ce que on a appelé l'accord Fifty Fifty, l'ARAMCO a accepté de payer aux saoudiens une taxe, qui ajoutée aux redevances antérieures, reprenait 50% de ses profits, et ça a marché longtemps.

     

    Comble de l'ironie, le gouvernement américain a envoyé une mission pour expliquer aux saoudiens comment organiser l'impôt.

     

    La taxe était calculée sur ce qu'on appelait les prix postés et qui était un prix connu public publié, qui n'était pas nécessairement le prix pratiqué mais qui était le prix sur la base duquel, l'impôt et la fiscalité s'appliquait les redevances s'appliquaient.

     

    Ainsi donc les compagnies américaines qui désormais acquittaient des impôts dans les pays étrangers ou elles achetaient du pétrole, déduisaient ces impôts des taxes qu'elles auraient normalement dû payer au gouvernement des États-Unis, et le gouvernement recevant de l'ARAMCO 50% de rentrées fiscales au moins, ceux qui faisaient les frais de cette astucieuse combine étaient en définitive :  les contribuables américains.

     

    On a présenté ça comme un privilège consenti aux compagnies pétrolières.

     

    De tout temps, parce qu'elles gagnaient énormément d'argent, nos grandes sociétés pétrolières ont constituées des cibles politiques idéales, et tous ceux qui les attaquent reprennent la même accusation : elles pratiquent l'évasion fiscale, non, elles ne fraudent pas le fisc américain, elles usent d'une exonération normale.

     

    Le fisc a perdu 200 millions de dollars par an, mais sans cette décision on n'en sortait pas, en fait ces accords Fifty Fifty n'étaient pas nouveaux, le premier a été signé au Venezuela en 1948.

     

    Dés avant la guerre au Venezuela il y avait eu des tentatives pour imposer aux compagnies pétrolières des taxes plus élevées et d'avantage de contrôle, en 1943 une nouvelle loi pétrolière fut votée par le congrès vénézuélien, elle mettait fin au règne despotique des grandes compagnies et constituait une première étape sur la voie des nationalisations, cette loi a été destinée à assurer au pays au moins la moitié des bénéfices produits par la vente de son pétrole, si le total des taxes et des redevances dues par une compagnie n'atteignaient pas la moitié des bénéfices de celle ci,  cette compagnie sera frappée d'un impôt additionnel de façon à ce que les 50% prévus soient atteintes.

     

    Bien entendu, cette loi a suscité de violentes réactions, toutefois le Venezuela n'a jamais commis l'erreur qu'ont commise bien d'autres pays, et notamment ceux du Moyen Orient, à savoir de signer avec les compagnies pétrolières un contrat fixant d'une façon définitive les taux des impôts que elles auront à acquitter , le Venezuela s'est toujours réservé la liberté de changer par une simple loi, le montant des taxes dues, de les élever ou de les abaisser à sa guise et ceci a tout naturellement eu de grandes répercussions au Moyen Orient.

     

    L'Iran, le Koweït, les Émirats suivront bientôt l'exemple du Venezuela et de l'Arabie Saoudite, en 1951 l'Iraq Petroleum Company se voit obligé à son tour de signer un accord Fifty Fifty avec le jeune roi Faiçal et son premier ministre Nouri Said, c'est Howard Page de la Standard Oil qui négocie  pour l'ensemble des compagnies du consortium.

     

    J'étais à cette époque Directeur de l'IPC et j'avais des idées précises sur ce qu'il fallait faire, et sur ce qu'il ne fallait pas faire, je suis intervenu très activement dans les négociations et surtout j'ai mené beaucoup de négociations personnelles avec Nouri Pacha, nous avons pu ainsi nous mettre d'accord tous les deux, tout a marché parfaitement la plupart des termes de l'accord reprenaient nos propres exigences.

     

    Cette tres grande habilité de Howard Page, coûtera bientôt la vie a Nouri Said et au roi Faiçal, Page a dû se battre également pour vaincre l'opposition farouche des compagnies membres de l'IPC qui refusaient obstinément toute modification de leur contrat initial.

     

    Les compagnies arguaient que le respect sacré des contrats est absolument essentiel dans les affaires, on ne peut modifier un contrat sans l'accord formel des deux parties ni sous l'empire de la contrainte, sinon il n'y a plus de stabilité.

     

    Durant les années cinquante et soixante, la puissance des sept plus grandes compagnies pétrolières est quasi illimitée, elles forment un cartel contrôle la production mais aussi tous les marché du pétrole dans le monde entier, elles peuvent alors augmenter ou diminuer le prix du pétrole pour empêcher toutes les autres compagnies de marcher sur leur plateforme.

     

    Cet aspect d'entente entre les grands producteurs a été mis en lumière par une commission du sénat des États-Unis, a mené une enquête sur la base d'un rapport de la Federal Trade Comission, en 1952 je crois, et qui contenait des accusations d'abus de puissance économique prépondérante.

     

    Quand Harry Truman a quitté la présidence, l'un de ses derniers actes a été de faire inculper pour violation de la loi anti trust les grandes compagnies pétrolières, comme les nombreux autres procédés du même genre intentés contre les sociétés pétrolières américaines, celui-ci trainera en longueur et puis sera discrètement étouffé, le gouvernement des États-Unis a trop besoin des trusts pétroliers pour imposer sa politique étrangère au Moyen Orient.

     

    En France, sitôt la paix revenue, le général de Gaule se préoccupe de restaurer une industrie pétrolière quasi anéantie, il fait appel à Pierre Guillaumat, qui deviendra Monsieur pétrole français.

     

    Nous nous ne pouvons pas accepter l'idée qui était répondue à l'époque que seuls les anglo-saxons étaient capables de produire du pétrole, de construire des raffineries et de distribuer les produits pétroliers.

     

    Au contraire certains bons esprits, pensaient que avec la libération du territoire, il faudrait reconstruire des raffineries et une distribution 100% nationale, donc pratiquement avec une très grande part de l'État, la distribution aurait due être totalement française, et totalement nationalisée, le gouvernement français avait le désir de maintenir une certaine balance en France, entre l'approvisionnement distribution faits par des sociétés purement françaises et les filiales des groupes étrangers.

     

    Le 12 novembre 1945, le général de Gaule crée le BRP : le Bureau des Recherches Pétrolières doté d'énormes moyens financiers, sous la présidence de Pierre Guillaumat, il aura mission de rechercher méthodiquement du pétrole dans l'empire français et de l'exploiter, le BRP apparaît d'emblée comme un organisme rival de la Compagnie Française des Pétroles.

     

    La CFP qui avait agi en orient à travers une compagnie britannique avait beaucoup plus une préoccupation financière, et d'ailleurs elle n'aura pas pu faire l'effort financier que l'État français par son budget a fait pendant des années en faveur de la mise en valeur de l'empire.

     

    Guillaumat et ses collaborateurs, élaborent un plan quinquennal doté de 55 milliards de crédits.

     

    Dés le début, nous avons conçu une industrie française de qualité internationale et non pas une industrie pour travailler à l'intérieur de l'empire français.

     

    Le BRP renfloue notamment la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine, affaire mal conçue diront certains, quand en 1949 cette société découvrira le gisement du gaz du lac, le plus clair des profits ira aux banques et non à l'État qui a fourni le moitié du capital, outre mer les initiatives de BRP sont d'abord contestées.

     

    Comme Directeur des carburants et avec le Bureau des Recherches du Pétrole derrière nous, nous avons voulu que des étrangers puissent travailler sur un territoire français, nous avions sollicité que la Shell et la Gulf viennent travailler en Tunisie, où nous n'avions rien trouvé.

     

    La Gulf et Shell exigent 42% des gisements et le droit de les exploiter à leurs seuls profits, à la chambre gaullistes et communistes accusent Guillaumat de brader l'empire français aux trusts étrangers.

     

    Le gouvernement a failli être renversé par une interpellation, si Robert Schuman nous a magnifiquement défendu au sénat, mais j'en ai gardé des bleus, après cette bagarre là, nous avions pu amener Esso en France, et c'est comme ça que Parentis a été découvert vraisemblablement quelques années avant que des techniques purement françaises puissent le découvrir. 

     

    C'est le 24 mars 1954 qu'Esso REP filiale française d'Exxon fait jaillir du pétrole sur les bords du lac de Parentis, ce succès a un énorme retentissement mais restera limité.

     

    Dés 1948, le BRP a constitué en Algérie une filiale la SN REPAL celle-ci s'associe à la Compagnie Française des Pétroles, elle va financer une prospection systématique du sud saharien, les premiers rapports sont favorables.

     

    L'électronique développée pendant les compagnes de Montgomery et Rommel en Libye,  que nous avons trouvé après la guerre, que ils nous ont permis aussi d'avoir des véhicules qui pouvaient aller dans le sable, que des  repérages tout à fait précis grâce à des systèmes d'électronique  nouveaux.

     

    À l'époque, les moyens de communication étaient vraiment rudimentaires, au Sahara et surtout le problème géologique était immense, à tel enseigne que les 2 sociétés prendront ensemble des permis qui couvriront 240 000  kilomètre carré, vous vous rendez compte de la difficulté à trouver des emplacements de forage sur 240 000 km carré, et bien c'est ce qui a été fait.

     

    Les premiers forages ont été pris en 1953, la Compagnie Française des Pétroles a crée à ce moment là une filiale : la  Compagnie Française des Pétroles Algérie, on a découpé un certain nombre de permis, la SN REPAL a eu  la charge d'exploiter les uns,  la CFPA en charge d'exploiter les autres, très peu de temps après, ça était les découvertes d'Hassi Rmel pour le Gaz, dans la partie Ouest du Sahara, et Hassi Messaoud dans la partie Est, de la découverte du pétrole,

     

    La rébellion algérienne dont l'explosion coïncide avec les premières découvertes, va bientôt priver la France de ce providentiel empire pétrolier, dans quelles étranges circonstances ? C'est ce que vous dira notre prochain épisode.

     


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