• 5/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le règne despotique des 7 sœurs 3/4

    5/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le règne despotique des 7 sœurs


    Troisième Quart ( 3 / 4)

     

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    Début :

    30 min

    Fin :

    45 min

     

     

     

    Le shah s’opposait absolument à ce que les britanniques reviennent en Iran en tant que seul propriétaire, voire même  comme simple majoritaire dans les affaires pétrolières, il en voulait aboutir à un accord, qu’il fallait amener d’autres compagnies dans la course.

     

    Herbert Hoover s’est adjoint à Howard Page de la Standard Oil of New Jersey qui a négocié tous les grands accords pétroliers de l’époque, Page sait que les iraniens sont à bout de résistance, leur production pétrolière est presque tombée à zéro.

     

    Il nous fallait trouver une astuce qui puisse nous permettre de conclure un accord mais sans que celui-ci incite aussitôt tous les autres pays producteurs de la région à nationaliser leurs pétroles, nous nous sommes donc débrouillés pour que les iraniens ne puissent pas se vanter d’avoir remporté une victoire en nationalisant, les soviets ont tout fait pour empêcher nos négociations, ils publiaient dans les journaux des masses d’articles de propagande et leurs radios diffusaient des émissions dénonçant la scélératesse ( la malfaisance ) des  compagnies pétrolières.

     

    3 mois et demi d’âpres discussions aboutissent enfin à un accord, l’Iran sera seul maitre de son pétrole, celui-ci sera exploité par un consortium international, l’Anglo Iranian en resettera membre mais minoritaire, en dédommagement de ses installations ses partenaires lui verseront 200 millions de livres et l’Iran 10 annuités de 2,5 millions,  pour son pétrole l’Iran recevra la moitié du chiffre d’affaires réalisé par le consortium : plus de 500 millions de dollars par an.

     

     

    Aucun des nouveaux membres américains du consortium ne souhaitait vraiment y entrer, l’ARAMCO constituait une source de pétrole plus que suffisante pour les 4 compagnies qui en étaient actionnaires, le Kuwait ravitaillait la Gulf, il n’y avait aucune raison de chercher ailleurs, toutes ces compagnies extrayaient déjà plus de pétrole qu’elles ne pouvaient en écouler, entrer dans le consortium, aller les forcer à réduire les quantités de pétrole qu’elles enlevaient dans les autres pays, Kuwait et Arabie Saoudite surtout,  mais des considérations stratégiques amenaient Hoover à faire appel à elles.

     

    Dean Acheson et le département d’État voulaient que les compagnies pétrolières américaines fassent bloc au sein du consortium pour maintenir en Iran l’influence américaine, le consortium est crée fin octobre 1954, l’Anglo Iranian qui devient la British Petroleum, détient 40% des parts, la Shell 14%, la Compagnie Française des Pétroles 6%, Esso New Jersey, Chevron, Mobil Texaco et Gulf chacune 8%, mais ces dernières doivent rétrocéder un total de 5% à un groupe de 9 sociétés américaines indépendantes, c’est une exigence du lobby pétrolier.

     

    Grace à l’appui déterminant du gouvernement américain, le consortium s’est emparé du second plus grand producteur de pétrole du Moyen Orient, des clauses secrètes cachées au gouvernement iranien, organisaient entre compagnies un contrôle très strict de la production, ainsi les sociétés pétrolières du consortium, pouvaient maintenir à leur gré l’équilibre entre l’Iran et l’Arabie saoudite dont les productions se faisaient concurrence, les 7 plus grandes compagnies pétrolières mondiales contrôlaient déjà les gisements d’Arabie Saoudite, du Koweït et des autres pays du golf, grâce au consortium iranien, ces mêmes trusts ajoutaient à leur formidable empire les ressources pétrolières de l’Iran et pouvaient régler souverainement toute la production du Moyen Orient pour les années 50 et 60.

     

    Cette époque a marqué l’apogée de la puissance des 7 sœurs, 5 des trusts qui constituaient ce cartel étaient américains, les 2 autres étaient européens :

     

    Les sœurs européennes étaient la Shell et la BP ( la British Petroleum )

    Les sœurs américaines étaient la Standard Oil of New Jersey devenu Exxon, la Standard Oil of California en abrégé SOCAL devenue Chevron, la Mobil et les sociétés texanes : Texaco et la Gulf jadis fondées par la banque Mellon.

     

    J’ai pour la première fois entendu ce terme de 7 sœurs dans la bouche d’Enrico Mattei à Rome alors qu’il organisait sa compagnie italienne pour briser le pouvoir des trusts pétroliers.

     

    Le cartel des 7 sœurs était si puissant et disposait de tant d’argent qu’il pouvait évincer n’importe quel pétrolier du marché.

     

    L’Iran comme l’Iraq étaient sous la domination du  monopole regroupant toutes les sociétés pétrolières et qui était la propriété de toutes ou de quelques unes des sept sœurs.

     

     

    Ces compagnies fixaient souverainement le prix du pétrole sans que les pays producteurs aient droit au chapitre, si bien que redevances et taxes encaissées ces pays étaient calculées sur une base qui échappait à leur contrôle.

     

    En défendant le consortium dans le parlement, j’ai dit que c’est pas d’idole tout peuple iranien , mais vu les circonstances, à ce moment là on ne peut pas faire mieux.

     

    Il y avait un personnage étroitement impliqué dans tous les rebondissements de l’affaire iranienne et qui était furieusement mecontent, les américains avaient promis à Mattei et aux italiens que ils seraient inclus dans tout arrangement avec les iraniens, mais au dernier moment ils renièrent leurs parole.

     

    Les compagnies américaines et particulièrement Exxon firent barrage pour empêcher Mattei de faire partie de leur club, et lui fou de rage se jura de briser la puissance des 7 sœurs comme il les nommait.

     

    De la lui viens l’idée de proposer aux pays producteurs, un type d’accord totalement différent de ceux que leur consentait toutes les grandes compagnies, dans son projet : 75% des profits allaient aux pays producteurs au lieu de 50% habituels.

     

    Court-circuitant le consortium,  Mattei se rend à Téhéran, négocie directement avec le shah la création d’une compagnie italo-iranienne, où pour la première fois un pays producteur participera pour moitié à la recherche et à la production de son propre pétrole.

     

     

    Bien entendu nous n’avons pas digéré cet accord 75–25, aucun de nous n’aurait accepté de payer de tel pourcentage à l’époque, qu’elle est  ou non  prise au sérieux l’initiative de Mattei était une menace pour les compagnies, un tel accord 75-25 pouvait inciter le gouvernement iranien ou un autre à nous faire subir d’inacceptables pressions.

     

    Le choc le plus dur entre l’AGIP  et l’ENI de Mattei et les multinationales eut lieu sur le marché européen, ce marché comportait des régions encore libres où une nouvelle compagnie pétrolière avait toutes chances pour pouvoir se développer, le premier de ces secteurs était la XXX que Mattei considérait comme l’un des pôles de l’Europe, il estimait plus censé d’amener le pétrole du moyen orient jusqu’en méditerranée à Gennes, puis par l’oléoduc, vers le nord, que de l’amener du Moyen Orient à l’Atlantique, de lui faire contourner l’Europe jusqu’à XXX  et de là de l’envoyer par pipeline jusqu’en Bavière, c’était l’évidence même.

     

    Ce projet développé par l’ENI fut ressenti par les grandes compagnies comme une agression, c’était une grave menace pour leur marché le plus jalousement gardé, celui de l’Europe centrale, une lutte féroce s’engagea, 2 pipelines concurrents furent construis l’un à partir de Gennes, l’autre à partir de Trieste, mais tous 2 partaient d’Italie, ce qui prouvait l’exactitude des calculs de Mattei, les 2 oléoducs, celui de l’ENI et aussi bien  celui des grandes compagnies traversaient l’Italie.

     

    Mattei s’avise alors que un autre marché est à prendre, l’Afrique avec tous ses pays en voie de développement, il va implanter l’AGIP dans 23 d’entre eux construire 5 raffineries sur le continent noir, à l’époque il y a des surplus de pétrole, Mattei les rachète à bas prix, il peut ainsi vendre moins cher que les grandes compagnies tenues par leurs contrats avec les producteurs et obligés de soutenir les cours, il les surplaces sur le marché africain.

     

    Bien entendu les grandes compagnies voyaient tout cela d’un très mauvais œil, cela déclencha de nouveaux heurts des conflits ouverts, les compagnies entendaient maintenir un contrôle exclusif sur le marché comme elles avaient toujours fait.

     

    À l’époque où Mattei s’implante en Afrique, une rébellion dont l’une ne prévoit encore les suites tragiques vient d’éclater en Algérie, en Algérie où justement la France vient de découvrir du pétrole.

     

    Il y a toujours une odeur du pétrole dans tous les grands événements politico-militaires du monde moderne, pour ce qui de la guerre d’Algérie, personnellement ça m’a parait toujours évident , je peux faire état de l’opinion exprimée devant moi et un certain nombre des membres de son cabinet par le ministre des affaires étrangères de l’époque, M. Christian Pineau, à qui on demandait si il pensait que il y avait un rapport entre l’explosion de novembre 1964 et la découverte du pétrole en Algérie , c’est surement pas un hasard si le début de la rébellion a suivi de quelques mois la concrétisation des espérances de découvertes pétrolière en Algérie, un certain nombre de faits sont venus confirmer cette impression avec les contacts entre les représentants d’un certain nombre de grandes compagnies pétrolières américaines, italiennes, Mattei et le FLN.

     

    j’ai accompagné des représentants de compagnies pétrolières américaines qui ont visité Hassi Massoud et Edjeleh, j’ai su que certains d’entre avaient déjà joué la carte de l’indépendance, ils avaient entretenu également des contacts avec des représentants d’organisations extérieures comme on disait à l’époque, ce qui prouve que xxx à la fois, la seule société dont la politique était de ne pas travailler avec français pendant les années où ils sentaient la souveraineté française fragile à cause de la guerre en Algérie, c’est l’AGIP.

     

    On a  tenté de convaincre Mattei de s’intéresser au pétrole algérien, il a refusé en public à Paris dans une déclaration fameuse où il a dit : qu’il ne pouvait exiger de ses techniciens qu’ils travaillent de la mitraillette à la main, en Italie cette position l’a rendu très populaire parce que la guerre d’Algérie était très très mal vue, d’ailleurs si l’affaire algérienne s’était bien terminée pour la France, celle-ci se serait bien garder de partager avec l’Italie,  ça j’en suis sûr.

     

    Mattei avait tout à fait raison de ne pas accepter la position d’un paravent pour le pouvoir français, Mattei voulait obtenir ce qu’il pouvait avoir directement du nouveau régime algérien, ne pas tâcher d’aider le régime français qu’il voyait se désintégrer.

     

    Il est indéniable qu’il entretenait des rapports avec les rebelles du FLN, on a dit que il s’est forcé de fournir un soutien à l’armée algérienne, difficile de savoir à quel point, on a sans doute un peu exagéré son aide,

     

    On arme je n’en sais rien, je n’ai pas d’indices ni de preuves, en argent j’en suis un peu prés persuadé, le FLN n’a en aucun moment manqué de ressources, ce ne sont pas uniquement les pays arabes qui lui ont fourni l’essentiel de ses moyens, pour nombre de gens c’était une contre-assurance.

     

    La rébellion n’empêche pas la France de poursuivre les recherches entamées en Sahara en 1952, en 1956 les découvertes se succèdent, d’énormes gisements de pétrole à 3000 mètres de profondeur à Hassi Massoud et à Edjeleh  et du gaz à Hassi Rmel, l’exploitation commence intensément, en 1959 Hassi Massoud compte déjà 50 puits en activité, pour acheminer son pétrole et son gaz saharien jusqu’à la méditerranée, la France construit des pipelines dés 1957, l’un des tracés soulèvent de furieuses polémiques, celui de l’oléoduc qui reliera Edjeleh  à Skira à travers la Tunisie que l’armée considère comme peu fiable.

     

    Il y a eu deux pipelines de liquides et un pipeline de gaz sous la souveraineté française, mais malgré les oppositions de politique locale, politique des français d’Algérie, politique de l’armée, il était très sage de faire sortir une partie du pétrole par la Tunisie.

     

    Un premier oléoduc long de 665 km et débitant 15 000 tonnes par jour relis Hassi Massoud au port algérien de bougi où on a construit un terminal pétrolier ultra moderne doté de 18 cuves de 35 000 mètres cubes chacune, 2 tankers  de 50 000 tonnes peuvent y faire le plein ensemble en 10 heures, en décembre 1959, l’Altair le plus grand pétrolier français de l’époque embarque à bougie la première cargaison de pétrole algérien à destination de Marseille.

     

    La production algérienne double en 1 an, dés 1963 elle couvrira les besoins français et ensuite en 1965 la France devient exportatrice, mais la commercialisation du pétrole algérien pose des problèmes à cause de son prix de revient élevé, il est plus cher que le brut des pays arabes.

    Si on avait pu concevoir que le pétrole produit en Iraq soit imposé à la consommation française, il était encore plus naturel de dire le pétrole de la France en Algérie doit être imposé d’une certaine façon aux raffineurs français, ceux qui ont émis ça ce n’est pas vrai, mais il était normal que le gouvernement français avec sa direction des carburants y poussa.

     


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