• 5/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le règne despotique des 7 sœurs 2/4

    5/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le règne despotique des 7 sœurs


    Deuxième Quart ( 2 / 4)

     

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    Début :

    15 min

    Fin :

    30 min

     

     

    En 1953 soutenu par le ministre des finances, son ami dans la résistance  Mattei obtient la création de (ENI) L'Ente Nazionale Idrocarburi, l'office national des pétroles, un holding qui en Italie contrôlera désormais toutes les activités nationales liées au pétrole.

     

    Mattei avait clairement compris que il fallait chercher du pétrole ailleurs que en Italie, mais ça c'était une autre affaire, les grandes compagnies avaient accaparé un peu prés tout celui qui était disponible.

     

    Pour alimenter le formidable complexe pétrolier dont il est en train de doter l'Italie, Mattei n'hésite pas à s'attaquer au cartel des grandes compagnies et c'est en Iran qu'aura lieu le premier heurt.

     

    En 1945 la conférence de Postdam a rendu sa pleine souveraineté à l'Iran, forcé d'évacuer l'Azerbaïdjan qu'ils occupent depuis 1941, les russes y montent une dissidence, avec l'aide des anglais et des américains, les iraniens reconquièrent ce territoire.

     

    Malgré le chaos qui règne dans leurs pays, la production pétrolière n'a cessé de s'accroitre, véritable État dans l'État, l'Anglo Iranian Oil Company suscite une colère grandissante parmi les iraniens, le parlement la presse exige la révision du traité pétrolier de 1931.

     

    L'origine du problème qui agitait tout le Moyen-Orient tenait à ce que les cours de l'or avaient étés gelés à la fois par la grande Bretagne et par les États-Unis, or toutes les redevances pétrolières étaient calculées en or, le cours de celui-ci étant bloqués arbitrairement, les pays producteurs avaient vu dégringoler le montant réel des ressources qu'ils encaissaient, et se considéraient comme spoliés, et c'est vrai que ils ne percevaient plus guerre que 20% ou 25% des bénéfices bruts de leurs pétrole, ils ne pouvaient plus le supporter.

     

    À bon droit ( légitimement ) , en 1950 l'Anglo Iranian Oil Company va encaisser 150 millions de livres de bénéfices net plus 40 millions renversés en impôts en Grande Bretagne, l'Iran devra se contenter de 32 millions de livres, le 1/7 du revenu global de son pétrole, dés 1949 pressentant la catastrophe, l'Anglo Iranian a par un accord additionnel concédé quelques minces satisfactions aux iraniens, fin 1950 elle offre un accord fifty-fifty au premier ministre Razmara, mais l'exaspération du parlement, l'anglophobie du peuple paralyse le gouvernement, le Docteur Mossadegh, chef de l'opposition exige la nationalisation pure et simple du pétrole.

     

    Ce que dénonçait le Docteur Mossadegh c'était l'aliénation des ressources nationales de l'Iran aux anglais, aux russes ou à  qui ce fût, son exaspération ne visait pas l'Anglo Iranian en particulier, mais il ne voulait pas que la principale richesse du pays fû entre les mains des étrangers.

     

    Mossadegh se sent soutenu par un véritable soulèvement populaire, les manifestations se multiplient, de plus en plus violentes, en février 1951 les députés iraniens refusent tout accord avec les anglais, l'agitation tourne à l'émeute, enflamme le pays.

     

    En mars, le premier ministre Razmara qui rejette toute idée de nationalisation est assassinée, le 29 avril , Mossadegh est porté au pouvoir par un raz de marrée populaire, auquel le shah n'ose pas s'opposer, aussitôt Mossadegh fait voter à l'unanimité la nationalisation de l'Anglo Iranian et la création d'une compagnie nationale, la National Iranian Oil Company, Mossadegh  refuse toute discussion avec l'Anglo Iranian.

     

    Il a été poussé par les nombreux encouragements de tous ceux qui avaient intérêt à voir l'Anglo Iranian déboulonnée de ses positions en Iran.

     

    Le gouvernement américain était le premier intéressé à voir les compagnies américaines s'installer en Iran, d'abord pour y supplanter la toute puissance compagnie nationale britannique, puis pour y créer un environnement international plus propice à un accord politique avec l'Iran.

     

    L'ambassadeur américain à Téhéran joue les médiateurs, très vite, les anglais le soupçonnent d'être à la fois l'agent de la CIA et des pétroliers américains, ils l'accusent de double jeu.

     

    Mais l'heure n'est plus aux négociations, le drapeau iranien a été hissé sur les installations d'Abadan et la nationalisation déchaîne la liasse populaire.

     

    La réaction du gouvernement britannique et de  l'Anglo Iranian à la nationalisation a été un véritable choc, nul n'avait jamais imaginé que le gouvernement iranien puisse adopter des mesures aussi extrêmes, à court terme la nationalisation s'avéra désastreuse pour la compagnie, la grande majorité de ses approvisionnements venait de l'Iran, et le plus clair de son potentiel de raffinage se trouvait installé à Abadan, enfin elle devait honorer des contrats de livraison de longue durée, quant au gouvernement britannique, il a été obligé de protéger une compagnie où il détenait la majorité, problème épineux, tant sur le plan politique que sur le plan économique.

     

    Les anglais tentent en vain de renouer le dialogue avec les iraniens, aux États-Unis, le lobby pétrolier s'inquiète, l'exemple de l'Iran risque d'être contagieux de s'étendre aux pays arabes où opèrent des compagnies américaines notamment l'ARAMCO, celles-ci forcent alors le Président Truman à dépêcher Avrell Harriman comme médiateur à Téhéran en juin 1951, son arrivée est saluée par de terribles émeutes montées par le parti communiste Tudeh dans le but de fournir aux soviétiques un prétexte à intervenir en Iran, en préalable Mossadegh exige de Harriman que l'Anglo Iranian accepte la nationalisation et verse à l'Iran 140 millions de dollars.

     

    Le gouvernement britannique et l'Anglo Iranian portent plainte devant la cour internationale de la Haye, les iraniens n'y délèguent que 2 observateurs qui refusent de comparaitre, c'est devant leurs sièges vides que l'Angleterre  réclame des mesures conservatoires.

     

    Les délégués iraniens dénient à quiconque le droit de se mêler des affaires intérieures de leur pays.

     

    La cour fera sienne ( va adopter ) cette position, elle se déclare incompétente, se borne à souhaiter les juste compensations pour les anglais, décision accueillie à Téhéran par manifestations hostiles au retour des 2 observateurs, entre temps la Grande Bretagne a saisi l'ONU et le conseil de sécurité, Mossadegh vient en personne y plaider le droit souverain de son pays à disposer librement de ses richesses, l'URSS et le tiers monde le soutiennent, et les États-Unis gênées par le rôle colonialiste de l'affaire lâche les anglais.

     

    Brutalement la Grande Bretagne toute relation avec l'Iran, et l'Anglo Iranian décrète l'arrêt de toute exploitation pétrolière, les 3000 techniciens anglais de la compagnie quittent le pays, Mossadegh leur a offert de travailler pour la nouvelle compagnie nationale, pas un n'a accepté, Mossadegh fait occuper par l'armée toutes les installations de l'Anglo Iranian, mais les techniciens iraniens sont trop peu nombreux et trop inexpérimentés pour les maintenir en activité, la plupart des puits ferment.

     

    Mossadegh laisse alors s'organiser librement à Téhéran de violentes émeutes anti anglaises, en représailles, le gouvernement britannique annule tous les privilèges de change accordés à l'Iran, et gèle toutes les redevances pétrolières non encore versées, on est au bord de la guerre, un croiseur anglais vient mouiller face à Abadan dont il évacue les derniers techniciens anglais, expédié à chypre, la sixième brigade parachutiste n'attend plus que l'ordre de sauter sur les installations pétrolières les plus importantes d'Iran.

     

    La grande Bretagne masse des troupes en Iraq sur la frontière iranienne, mais elle renoncera vite à intervenir militairement, les États-Unis lui refusent tout appui, l'union soviétique déploie des divisions en Azerbaïdjan, le monde arabe se mobilise, les anglais vont alors user d'un moyen autrement efficace : Ils ont immédiatement décrété un embargo total sur le pétrole iranien, et ils ont averti les pays du monde entier que s'ils achetaient du pétrole iranien, ils acquerraient des biens volés et seraient poursuivis en justice.

     

    Les britanniques ont ressuscités les accords secrets signés jadis à Achnachary, toutes les compagnies ont fait bloc avec eux, à l'époque il y avait trop de pétrole, d'énormes surplus sans acquéreurs sur tous les marchés, nul n'avait besoin du pétrole iranien, toutes les compagnies ont cessé d'en acheter et graduellement le pétrole de l'Iran disparaît sur tous les marchés du monde.

     

    En Italie, il eut une tentative de profiter de la crise iranienne, un pétrolier italien arriva avec une cargaison, mais le navire fut aussitôt saisi sur plainte des grandes compagnies et l'affaire s'arrêta là.

     

    Une autre tentative menée par une petite compagnie italienne échoue aussi, alors en 1951, Mossadegh fait appel à Enrico Mattei achète l'essentiel du pétrole de l'AGIP à l'Anglo Iranian, Mattei toujours à court de pétrole, et viscéralement (profondément) anticolonialiste, avait suivi avec sympathie la révolution de Mossadegh.

     

    Mossadegh lui promet que une fois chassé les anglais, les italiens prendraient leurs place en Iran, mais Mattei décline après une entrevue secrète avec le président de l'Anglo Iranian, Mattei a reçu de celui-ci l'assurance formelle comme contrepartie et il recevrait de substantielles compensations.

     

    En 1952 l'Iran est au bord du désastre, faute d'entretien, les incendies se multiplient dans les puits, il faut à prix d'or faire venir des spécialistes texans pour les éteindre, même au quart du prix, la Compagnie Nationale Iranienne ne trouve pas acheteur pour son pétrole, de 54 millions de tonnes en 1950, les ventes tombent à 130 000 tonnes en 1952, tous les marchés sont contrôlés par le cartel.

     

    Aux États-Unis Eisenhower a été élu président, il offre un compromis à Mossadegh, l'Anglo Iranian acceptera la nationalisation contre dédommagements et l'Amérique renflouera l'économie iranienne, Mossadegh refuse avec arrogance et exige un prêt à ses propres conditions, en cas de refus, il fera appel aux russes, Eisenhower diffère sa réponse d'un mois, et charge la CIA de régler le problème.

     

    Cette décision fût surtout motivée par la crainte de voir le parti Tudeh  prendre le contrôle de l'Iran, avec l'aide des soviétiques, ce fût une opération défensive, le parti Tudeh prosoviétique menait l'agitation, Mossadegh abandonne la rue aux émeutiers de Tudeh, à la suite d'un referendum triomphal pour lui, il perd toute mesure, menace de faire sauter les puits de pétrole, le shah le révoque puis appliquant le plan de la CIA, fuit l'Iran et se refugie à Rome.

     

    Mossadegh proclame l'abolition de la dynastie, l'émeute grond à Téhéran où on brise les statuts de Rezah shah, entre temps la CIA s'emploie à rétablir l'empereur de l'Iran sur son trône.

     

    La CIA a secrètement pris contact avec tous les groupes favorables au shah, et a organisé avec eux un coup d'État, infiltrés, manipulés par les agents américains, l'armée et la police appellent le peuple à la contre révolution.

     

    Le 18 aout 1953 à Téhéran, un gigantesque déferlement populaire orchestré par la CIA réclame le retour du shah, c'est l'émeute.

     

    Mossadegh est arrêté, son palais a été incendié et 300 hommes de sa garde massacrés, le soir même tout le pays est aux mains des monarchistes, le général zahidi nouveau premier ministre rappelle le shah.

     

    3 jours après l'avoir quitté, Mohamed Pahlavi regagne son pays où il est accueilli avec un enthousiasme délirant, mais la situation économique y est si catastrophique que les États-Unis doivent immédiatement avancer 40 millions de dollars pour le gouvernent iranien, à leur grande stupeur, le shah refuse d'abroger la loi nationalisant l'Anglo Iranian Oil Company.

     

    Les américains mobilisèrent leurs meilleurs cerveaux pour aider les britanniques à régler leur conflit avec l'Iran, ils envoyèrent à Téhéran Herbert Hoover junior fils de l'ancien Président Hoover, il travaillait à la fois pour le département d'État et pour la CIA.


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