• 4/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des premiers craquements 4/4

    4/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    Le temps des premiers craquements du pétrole

    Quatrième Quart ( 4 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=1922748009661857239&hl=fr

     

    Début :

    45 min

    Fin :

    60 min

     

    Les redevances payées à son gouvernement s'étaient dévalorisées, elles ne représentaient plus que 5% des profits de l'ARAMCO, rien d'étonnant que les saoudiens, se soient montrés mecontents de partage apparemment aussi malhonnête des profits.

     

    De plus Ibn Saoud reste ulcéré de n'avoir été consulté ni sur la construction de la Tapline, ni sur l'entrée de Mobil et d'Esso New Jersey dans l'ARAMCO, le roi exige donc que le trust américain s'aligne sur Getty et lui verse désormais 55% de ces bénéfices, et réclame immédiatement 50 millions de dollars.

     

    Le gouvernement américain  pressait l'ARAMCO de payer d'avantage aux saoudiens qui tenaient à sortir de leur terrible embarras financier.

     

    De son coté, l'ARAMCO s'affirmait dans l'impossibilité de faire face à pareils exigences, elle trouva alors une solution très astucieuse, un expert fiscal de l'ARAMCO, envoyé des États-Unis persuada les autorités saoudiennes de remplacer les royalties qu'elles recevaient de l'ARAMCO par une taxe du même montant, ceci permettra à l'ARAMCO de se plaindre hypocritement auprès du gouvernement des États-Unis, qu'elle payait désormais 50% d'impôt sur ces profits aux saoudiens.

     

    Les impôts versés à un gouvernement étranger étaient à cette époque entièrement déductibles de ceux qui étaient dû aux États-Unis, c'était une simple exonération fiscale mais qui permit aux compagnies pétrolières américaines au Moyen Orient, de payer beaucoup moins d'impôt aux États-Unis, quand au gouvernement américain, il procurait ainsi aux arabes les fonds que ils demandaient par le canal des compagnies pétrolières, cette astuce fiscale était une aide financière déguisée, mais les sociétés pétrolières y gagnèrent gros, tout cela a abouti à ce que on a appelé l'accord Fifty Fifty, l'ARAMCO a accepté de payer aux saoudiens une taxe, qui ajoutée aux redevances antérieures, reprenait 50% de ses profits, et ça a marché longtemps.

     

    Comble de l'ironie, le gouvernement américain a envoyé une mission pour expliquer aux saoudiens comment organiser l'impôt.

     

    La taxe était calculée sur ce qu'on appelait les prix postés et qui était un prix connu public publié, qui n'était pas nécessairement le prix pratiqué mais qui était le prix sur la base duquel, l'impôt et la fiscalité s'appliquait les redevances s'appliquaient.

     

    Ainsi donc les compagnies américaines qui désormais acquittaient des impôts dans les pays étrangers ou elles achetaient du pétrole, déduisaient ces impôts des taxes qu'elles auraient normalement dû payer au gouvernement des États-Unis, et le gouvernement recevant de l'ARAMCO 50% de rentrées fiscales au moins, ceux qui faisaient les frais de cette astucieuse combine étaient en définitive :  les contribuables américains.

     

    On a présenté ça comme un privilège consenti aux compagnies pétrolières.

     

    De tout temps, parce qu'elles gagnaient énormément d'argent, nos grandes sociétés pétrolières ont constituées des cibles politiques idéales, et tous ceux qui les attaquent reprennent la même accusation : elles pratiquent l'évasion fiscale, non, elles ne fraudent pas le fisc américain, elles usent d'une exonération normale.

     

    Le fisc a perdu 200 millions de dollars par an, mais sans cette décision on n'en sortait pas, en fait ces accords Fifty Fifty n'étaient pas nouveaux, le premier a été signé au Venezuela en 1948.

     

    Dés avant la guerre au Venezuela il y avait eu des tentatives pour imposer aux compagnies pétrolières des taxes plus élevées et d'avantage de contrôle, en 1943 une nouvelle loi pétrolière fut votée par le congrès vénézuélien, elle mettait fin au règne despotique des grandes compagnies et constituait une première étape sur la voie des nationalisations, cette loi a été destinée à assurer au pays au moins la moitié des bénéfices produits par la vente de son pétrole, si le total des taxes et des redevances dues par une compagnie n'atteignaient pas la moitié des bénéfices de celle ci,  cette compagnie sera frappée d'un impôt additionnel de façon à ce que les 50% prévus soient atteintes.

     

    Bien entendu, cette loi a suscité de violentes réactions, toutefois le Venezuela n'a jamais commis l'erreur qu'ont commise bien d'autres pays, et notamment ceux du Moyen Orient, à savoir de signer avec les compagnies pétrolières un contrat fixant d'une façon définitive les taux des impôts que elles auront à acquitter , le Venezuela s'est toujours réservé la liberté de changer par une simple loi, le montant des taxes dues, de les élever ou de les abaisser à sa guise et ceci a tout naturellement eu de grandes répercussions au Moyen Orient.

     

    L'Iran, le Koweït, les Émirats suivront bientôt l'exemple du Venezuela et de l'Arabie Saoudite, en 1951 l'Iraq Petroleum Company se voit obligé à son tour de signer un accord Fifty Fifty avec le jeune roi Faiçal et son premier ministre Nouri Said, c'est Howard Page de la Standard Oil qui négocie  pour l'ensemble des compagnies du consortium.

     

    J'étais à cette époque Directeur de l'IPC et j'avais des idées précises sur ce qu'il fallait faire, et sur ce qu'il ne fallait pas faire, je suis intervenu très activement dans les négociations et surtout j'ai mené beaucoup de négociations personnelles avec Nouri Pacha, nous avons pu ainsi nous mettre d'accord tous les deux, tout a marché parfaitement la plupart des termes de l'accord reprenaient nos propres exigences.

     

    Cette tres grande habilité de Howard Page, coûtera bientôt la vie a Nouri Said et au roi Faiçal, Page a dû se battre également pour vaincre l'opposition farouche des compagnies membres de l'IPC qui refusaient obstinément toute modification de leur contrat initial.

     

    Les compagnies arguaient que le respect sacré des contrats est absolument essentiel dans les affaires, on ne peut modifier un contrat sans l'accord formel des deux parties ni sous l'empire de la contrainte, sinon il n'y a plus de stabilité.

     

    Durant les années cinquante et soixante, la puissance des sept plus grandes compagnies pétrolières est quasi illimitée, elles forment un cartel contrôle la production mais aussi tous les marché du pétrole dans le monde entier, elles peuvent alors augmenter ou diminuer le prix du pétrole pour empêcher toutes les autres compagnies de marcher sur leur plateforme.

     

    Cet aspect d'entente entre les grands producteurs a été mis en lumière par une commission du sénat des États-Unis, a mené une enquête sur la base d'un rapport de la Federal Trade Comission, en 1952 je crois, et qui contenait des accusations d'abus de puissance économique prépondérante.

     

    Quand Harry Truman a quitté la présidence, l'un de ses derniers actes a été de faire inculper pour violation de la loi anti trust les grandes compagnies pétrolières, comme les nombreux autres procédés du même genre intentés contre les sociétés pétrolières américaines, celui-ci trainera en longueur et puis sera discrètement étouffé, le gouvernement des États-Unis a trop besoin des trusts pétroliers pour imposer sa politique étrangère au Moyen Orient.

     

    En France, sitôt la paix revenue, le général de Gaule se préoccupe de restaurer une industrie pétrolière quasi anéantie, il fait appel à Pierre Guillaumat, qui deviendra Monsieur pétrole français.

     

    Nous nous ne pouvons pas accepter l'idée qui était répondue à l'époque que seuls les anglo-saxons étaient capables de produire du pétrole, de construire des raffineries et de distribuer les produits pétroliers.

     

    Au contraire certains bons esprits, pensaient que avec la libération du territoire, il faudrait reconstruire des raffineries et une distribution 100% nationale, donc pratiquement avec une très grande part de l'État, la distribution aurait due être totalement française, et totalement nationalisée, le gouvernement français avait le désir de maintenir une certaine balance en France, entre l'approvisionnement distribution faits par des sociétés purement françaises et les filiales des groupes étrangers.

     

    Le 12 novembre 1945, le général de Gaule crée le BRP : le Bureau des Recherches Pétrolières doté d'énormes moyens financiers, sous la présidence de Pierre Guillaumat, il aura mission de rechercher méthodiquement du pétrole dans l'empire français et de l'exploiter, le BRP apparaît d'emblée comme un organisme rival de la Compagnie Française des Pétroles.

     

    La CFP qui avait agi en orient à travers une compagnie britannique avait beaucoup plus une préoccupation financière, et d'ailleurs elle n'aura pas pu faire l'effort financier que l'État français par son budget a fait pendant des années en faveur de la mise en valeur de l'empire.

     

    Guillaumat et ses collaborateurs, élaborent un plan quinquennal doté de 55 milliards de crédits.

     

    Dés le début, nous avons conçu une industrie française de qualité internationale et non pas une industrie pour travailler à l'intérieur de l'empire français.

     

    Le BRP renfloue notamment la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine, affaire mal conçue diront certains, quand en 1949 cette société découvrira le gisement du gaz du lac, le plus clair des profits ira aux banques et non à l'État qui a fourni le moitié du capital, outre mer les initiatives de BRP sont d'abord contestées.

     

    Comme Directeur des carburants et avec le Bureau des Recherches du Pétrole derrière nous, nous avons voulu que des étrangers puissent travailler sur un territoire français, nous avions sollicité que la Shell et la Gulf viennent travailler en Tunisie, où nous n'avions rien trouvé.

     

    La Gulf et Shell exigent 42% des gisements et le droit de les exploiter à leurs seuls profits, à la chambre gaullistes et communistes accusent Guillaumat de brader l'empire français aux trusts étrangers.

     

    Le gouvernement a failli être renversé par une interpellation, si Robert Schuman nous a magnifiquement défendu au sénat, mais j'en ai gardé des bleus, après cette bagarre là, nous avions pu amener Esso en France, et c'est comme ça que Parentis a été découvert vraisemblablement quelques années avant que des techniques purement françaises puissent le découvrir. 

     

    C'est le 24 mars 1954 qu'Esso REP filiale française d'Exxon fait jaillir du pétrole sur les bords du lac de Parentis, ce succès a un énorme retentissement mais restera limité.

     

    Dés 1948, le BRP a constitué en Algérie une filiale la SN REPAL celle-ci s'associe à la Compagnie Française des Pétroles, elle va financer une prospection systématique du sud saharien, les premiers rapports sont favorables.

     

    L'électronique développée pendant les compagnes de Montgomery et Rommel en Libye,  que nous avons trouvé après la guerre, que ils nous ont permis aussi d'avoir des véhicules qui pouvaient aller dans le sable, que des  repérages tout à fait précis grâce à des systèmes d'électronique  nouveaux.

     

    À l'époque, les moyens de communication étaient vraiment rudimentaires, au Sahara et surtout le problème géologique était immense, à tel enseigne que les 2 sociétés prendront ensemble des permis qui couvriront 240 000  kilomètre carré, vous vous rendez compte de la difficulté à trouver des emplacements de forage sur 240 000 km carré, et bien c'est ce qui a été fait.

     

    Les premiers forages ont été pris en 1953, la Compagnie Française des Pétroles a crée à ce moment là une filiale : la  Compagnie Française des Pétroles Algérie, on a découpé un certain nombre de permis, la SN REPAL a eu  la charge d'exploiter les uns,  la CFPA en charge d'exploiter les autres, très peu de temps après, ça était les découvertes d'Hassi Rmel pour le Gaz, dans la partie Ouest du Sahara, et Hassi Messaoud dans la partie Est, de la découverte du pétrole,

     

    La rébellion algérienne dont l'explosion coïncide avec les premières découvertes, va bientôt priver la France de ce providentiel empire pétrolier, dans quelles étranges circonstances ? C'est ce que vous dira notre prochain épisode.

     


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